Moments d'émotion lundi soir à la salle Ibn Zeydoun, à Riadh El Feth, à Alger, au premier jour de la semaine du film turc. Mon père et mon fils, le long métrage de Cagan Irmak, sorti en 2005, a fait pleurer les présents. C'est l'histoire de Sadek (incarné par Fikret Kuskan), journaliste opposant, parti pour Istanbul étudier l'agronomie, qui se trouve embarqué après le coup d'Etat militaire de septembre 1980. Séance de torture. Les partisans de Kenan Evren avaient procédé à plus de 30 000 arrestations. Sadek perd son épouse lors d'un accouchement sur la voie publique lors du couvre-feu. Son fils, Deniz, sera élevé par Fatma. Mais Sadek est malade avec des poumons atteints. Il emmène son garçon dans la maison parentale dans la région de la mer Egée non loin d'Izmir. Il doit se réconcilier avec son père Agha Hocine qu'il l'avait chassé de la maison depuis des années. Sa mère et son frère l'accueillent avec chaleur. Sadek cache son mal à son père et à son fils jusqu'au dernier moment. Deniz, qui rêve de sorciers, d'Indiens et de Zorro, est émerveillé par l'univers de la ferme. Sa grand-mère, douce comme l'halva halkoum, parle dans un talkie-walkie et conduit le tracteur. Insouciant comme peut l'être un enfant, il ne se rend pas compte du mal qui ronge son père. Ce père idole, ce père aimant. Le film de Cagan Irmak nous réconcilie avec le vrai cinéma, celui qui évoque l'homme et ses tourments et qui nous éloigne des sophistications artificielles de Universal soldier. Mon père et mon fils est-il triste ? « La tristesse est propre à la Turquie. Mais il y a de la comédie dans le film. Les gens d'Egée sont comme cela : gais et tristes. Dans chaque région, les émotions sont vécues d'une manière différente. Ce n'est pas une histoire réelle. La maison et la famille ressemblent aux miennes », a expliqué Cagan Irmak à la fin de la projection. Il a avoué que l'odeur d'Alger et de ses palmiers lui rappellent Izmir, sa ville. Le cinéaste, qui est également réalisateur de feuilletons, a reçu des mains de Ahmet Necati Bigali, ambassadeur de Turquie à Alger, une céramique algérienne. Le diplomate a souhaité des projets communs algéro-trucs dans le domaine du 7e art. « Cette semaine du film turc est une première en Algérie. Nous avons tardé certes, mais mieux vaut tard que jamais », a-t-il dit. Il a évoqué le succès dans le monde arabe des feuilletons turcs doublés par les Syriens. « Mais nous n'avons pas invité Mouhanad pour ne pas créer des disputes au sein des familles », a plaisanté l'ambassadeur de Turquie suscitant les applaudissements du public nombreux.