Said Oussad, journaliste-reporter à Liberté, est le premier journaliste algérien à avoir interviewé le chef d'un groupe islamiste armé durant la décennie noire. C'était Benaïcha, numéro deux de ce que fut l'Armée islamique du salut (AIS). Le roman se nourrit de faits réels survenus en Algérie durant les années noires (1992-1998). A travers son héros, l'auteur raconte les péripéties d'une rencontre à la fois tant espérée mais qui s'est avérée fort dangereuse. «Un contact direct avec les hommes du maquis, quel journaliste n'en avait pas rêvé et voilà qu'on m'offrait le scoop sur un plateau», écrit l'auteur. Celui-ci était convaincu que ce voyage risquait d'être un aller sans retour. C'est comme s'il allait prendre une place dans une embarcation de fortune, dans un environnement hostile, dans un voyage vers l'inconnu. Mais la tentation était tellement forte qu'il était impossible de décliner une telle invitation. Et, ce pacte insensé a été conclu. Le héros qui se dit «téméraire et cynique», en compagnie de Kader, son ami d'infortune, photographe de presse, décide, sans trop prendre le temps de réfléchir, de se lancer dans cette aventure où le risque de la mort de la façon la plus horrible est omniprésent. Alors, les deux compères vont à la rencontre de l'émir. L'entrevue tant espérée va se transformer en enfer pour le héros et son acolyte. Tout au long du roman, l'auteur raconte des moments effroyables, affreux, tragiques, uniques dans les annales des années noires et funestes du pays. Pour illustrer la haine qui anime les terroristes, l'auteur brosse le portrait de Mustapha, un chef terroriste qui incarne la rancune et l'horreur. Mustapha avait exécuté de sang-froid son oncle et sa mère surpris en situation d'adultère alors qu'il n'avait que 12 ans. L'élimination de ses lieutenants qui envisageaient la préparation de leur reddition, était un jeu d'enfant. Les scènes d'horreur sont inimaginables, voire inconcevables. L'image d'un nourrisson de neuf mois, étendu sur un lit d'adulte à l'hôpital, un grand pansement couvrant tout son cou car il a été égorgé d'une oreille à l'autre, refait surface dans l'esprit de l'auteur. Il en parle, puis il se tait un instant, les séquelles psychologiques de cette aventure horrible sont encore là, visibles sur le visage fort expressif de l'auteur. C'est pour cela que Saïd Oussad le dit et le répète sans cesse : «Ce livre est une sorte de thérapie, il a fallu que je m'extériorise, c'est en quelque sorte une façon de m'exorciser».