Les révélations faites par la presse, en début de semaine, se rapportant à l'existence de malversations dans la gestion des marchés supervisés par l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaire (Anesrif), ont provoqué la consternation des cadres dirigeants de cet Epic créé en 2005 et qui gère un portefeuille de plus de 80 milliards de dollars. L'abattement est d'autant plus grand que les principaux responsables de l'Anesrif disent n'avoir absolument rien à se reprocher. « Sincèrement, je ne sais quoi vous dire et je ne sais pas exactement ce que l'on reproche à la gestion de l'Anesrif. Nous n'avons rien compris », a déclaré hier, dépité, M. Kellou, le directeur général par intérim de cette institution. Se montrant surpris et outré par l'étendue tout autant que par la gravité des faits reprochés à la douzaine de cadres de l'entreprise actuellement poursuivis par la justice pour, notamment, dilapidation de deniers publics, infraction au code des marchés publics et recours illégal au marché de gré à gré, M. Kellou s'est dit mettre au défi quiconque de prouver que l'Anesrif a conclu des marchés de gré à gré ou s'est rendue coupable de dilapidation de deniers publics. « Je me demande comment on a pu nous sortir autant d'affaires. Et puis la manière avec laquelle les faits sont rapportés participe à introduire d'innombrable éléments de confusion qui portent un grave préjudice autant à l'entreprise qu'aux personnes poursuivies », soutient notre interlocuteur. Le directeur par intérim de l'Anesrif a par ailleurs tenu à faire comprendre que « le processus de décisions de l'Agence ne se fait pas n'importe comment et qu'aucune initiative n'est prise avant que celle-ci n'ait reçu les autorisations et les visas nécessaires ». A ce propos, M. Kellou s'interroge comment peut-on avancer que l'entreprise ou le Trésor public a perdu près de 2000 milliards de centimes (somme d'ailleurs qu'il conteste avec force) alors que par exemple l'avenant signé dans le cadre de la conception et de la réalisation des travaux de renouvellement et de modernisation de la ligne ferroviaire Tabia-Redjem Demmouche, dans la wilaya de Sidi Bel Abbès, est conforme à la loi et qu'il est possible de vérifier sur le terrain de quelle manière a été investi l'argent. Sûr de lui, il indiquera en outre que l'entreprise dans cette affaire et dans celle concernant la société turque Aska Insaat n'a subi aucun préjudice financier. Malgré cela, M. Kellou a fait savoir que l'Anesrif a nommé un expert pour passer au peigne fin la gestion de l'entreprise. Le point de vue développé par M. Kellou est soutenu sans ambages par M. Aït Oufella, le responsable juridique de l'Anesrif qui précise de son côté que les griefs retenus à l'encontre de l'entreprise poursuivie par la justice sont « incompréhensibles » dans la mesure où toutes les procédures ont été respectées lors du lancement des projets et des travaux cités dans l'affaire. Au-delà, il soulignera que les cadres de l'Anesrif incriminés entendent bien se défendre et qu'ils ont confiance en la clairvoyance de la justice. A rappeler que les services de sécurité ont dernièrement adressé à la justice les conclusions d'une enquête menée sur l'Anesrif qui révèle de graves irrégularités dans la gestion de certains projets managés par les responsables de cette entreprise. Comme pour les dirigeants de Sonatrach et du ministère des Travaux publics, il est notamment reproché aux cadres gestionnaires de l'Anesrif cités dans cette affaire d'avoir commis de nombreuses infractions au code des marchés. L'information rapportée par le Jeune Indépendant, dans son édition dimanche dernier, précise que le préjudice causé à l'Etat et au Trésor public se chiffre à près de 2000 milliards de centimes. Devant la gravité des faits, le procureur en charge de ce dossier a, selon la même source, mis sous mandat de dépôt trois responsables parmi lesquels H. S., le PDG de l'Anesrif et ordonné le placement sous contrôle judiciaire de 7 autres personnes. L'enquête s'intéresserait en tout à une douzaine de personnes. Quoi qu'il en soit, le tribunal de Bir Mourad Raïs (Alger) qui traite actuellement cette affaire a demandé un complément d'information.