Il a suffi de quelques fortes averses, qui se sont abattues, vendredi soir, sur Ghardaïa et ses environs, pour que des quartiers entiers se retrouvent prisonniers des eaux qui n'arrivaient pas à s'écouler, mettant ainsi à nu toutes les imperfections des travaux et ouvrages réalisés après la catastrophe due aux inondations du 30 septembre 2008, et dont le traumatisme est toujours vivace dans l'esprit de la population. Déferlant des collines qui entourent la ville, les eaux en furie charriant au passage des tonnes de détritus et toutes sortes d'objets hétéroclites forment en aval de véritables marécages avec tous les dangers que ceux-ci peuvent générer. Les pluies qui se sont abattues durant la nuit ont généré des «piscines» à ciel ouvert dans certains endroits, où les eaux ne trouvaient pas d'exutoire. Les décharges sauvages qui ont poussée tout autour de la ville, dans l'indifférence totale des pouvoirs publics, constituent aujourd'hui une véritable épée de Damoclès sur la tête de la population de la vallée. A Bounoura, le stade de Sidi Abbaz, refait entièrement après avoir été détruit par les crues de 2008, s'est transformé en une immense piscine gluante. En plein milieu de la cité des 400 Logts, que d'aucuns appellent par dérision «Hydra», juste à l'entrée sous la voûte faisant face à la daïra de Bounoura, une grande et profonde flaque d'eau empêche de passer. Les habitants, pour se rendre sur la grande rue, doivent faire tout un détour. «Avant, on n'avait pas ce problème, c'est depuis que des génies ont décidé de refaire le goudron, qui était très bon, que cette piscine est née. Ils n'ont respecté aucune norme, ils ont provoqué une espèce de crevasse qui, a chaque intempérie, se remplit d'eau de pluie et crée ce marécage», s'indigne un habitant du bloc 28, qui n'arrivait pas à traverser cette grande flaque d'eau. Ajoutant d'un air dépité, «c'est à se demander selon quelles normes ont été faites les études et surtout la réalisation. Quel gâchis et qui en est responsable ?». un voisin d'en face, qui regardait par la fenêtre, s'emporte : «L'impunité doit être bannie.» Il ajoute: «Ceux qui se sont rempli les poches, eux et leurs copains, doivent rendre des comptes sur la qualité des travaux qui nous mettent, nous et nos familles en danger.» Dans les quartiers de Belghanem, Kerkoura, Baba Sâad, Baba Oudjema, Adjroud, Bougdema Mermed, El Korti et Bouhraoua, les mêmes scènes d'immenses flaques d'eau, obstruant dangereusement la circulation et rendant aléatoire les mouvements de la population. Quelques équipes des services de l'hydraulique rencontrées sur les hauteurs de la ville essayaient autant que faire se peut de déboucher les avaloirs complètement engorgés. Cette situation a générée une grande perturbation de la circulation automobile mettant les nerfs des conducteurs à vif. En plein centre-ville, du côté du pont de la gare SNTV, une véritable pagaille régnait au milieu de la journée, chacun voulant passer avant l'autre, au point que personne ne pouvait avancer d'un mètre. Quelques uns en sont presque venus aux mains. Les agents de la circulation en poste avaient toutes les difficultés du monde à se faire respecter, tant l'anarchie était maître des lieux. Remarquant notre présence sur les lieux et nous reconnaissant, un citoyen, hors de lui, lâche: «Où sont les responsables ? Nous pataugeons dans la boue et la gadoue, et eux ils restent bien au chaud dans leur nid douillet.» Les routes étant complètement obstruées par les eaux pluviales et dans plusieurs endroits de la ville et de sa périphérie, les automobilistes sont contraints de se déporter vers le côté gauche et se mettre ainsi en danger, surtout que la visibilité était très réduite par la pluie et le vent. N'a-t-on pas encore retenu les leçons d'un dramatique 30 septembre 2008 ?