Régulièrement critiqués en raison de la mauvaise gestion qui caractérise leurs secteurs respectifs, les ministres, réputés proches du cercle présidentiel, multiplient ces derniers jours les sorties sur le terrain pour faire oublier leurs déconvenues et sans doute aussi éviter de se faire éjecter du gouvernement. C'est le cas particulièrement du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, qui, après une éclipse de plusieurs semaines, tente de revenir au devant de la scène en proposant notamment une énième réorganisation du secteur public industriel. Cette fois, M. Temmar aura certainement du mal à se faire prendre au sérieux dans la mesure où l'opinion publique n'oublie pas qu'il a annoncé à de nombreuses reprises la mise en place d'un « plan Marshall » pour redresser l'économie du pays sans pour autant tenir ses promesses. Le secteur industriel est, pour ainsi dire, dans un état similaire à celui dans lequel il l'a trouvé en arrivant au pouvoir, il y a près d'une dizaine d'années. Au lieu d'encourager la création d'entreprises, Abdelhamid Temmar a, au contraire, pris un malin plaisir à vendre à tour de bras et au dinar symbolique des dizaines de sociétés publiques. Et cela, sans avoir eu à rendre des comptes. A ce jour, personne ne sait vraiment à qui ont profité les privatisations des sociétés publiques. Il s'agit d'un véritable mystère ! Considéré comme l'homme de confiance et le chouchou du président de la République, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, n'est en ce moment pas mieux loti. M. Khelil vit aussi, depuis l'éclatement des scandales de BRC et de Sonatrach, dans la tourmente. Selon de nombreux observateurs, l'issue du procès des cadres dirigeants de l'entreprise nationale des hydrocarbures devrait être déterminante concernant son avenir à la tête du ministère de l'Energie et des Mines. En attendant, Chakib Khelil joue déjà sa crédibilité, et surtout, sa tête, avec la 16e conférence internationale sur le gaz naturel liquéfié (GNL16) qui aura lieu du 18 au 21 avril prochains à Oran. Un retard éventuel dans la livraison des différentes structures prévues pour accueillir les participants à ce rendez-vous planétaire pourrait carrément, en effet, lui coûter sa place. Cela, sachant surtout que le Trésor public a déboursé des sommes faramineuses pour garantir le succès de l'événement. Et il semblerait que le chantier a accusé beaucoup de retard. Déjà, de nombreuses voix commencent à se faire entendre ici et là pour dénoncer les « coûts trop onéreux » de certaines infrastructures et crier carrément au gaspillage. Chakib Khelil, qui a défendu bec et ongles en février dernier le « clan présidentiel », déclarant qu'il n'est pas visé par le scandale qui a éclaboussé Sonatrach, a beau multiplier les inaugurations de stations-services, annoncer de nouvelles découvertes d'hydrocarbures ou encore rassurer les Algériens concernant l'avenir du pays, il restera suspect aux yeux de l'opinion. En réalité, il a commencé à l'être dès le jour où il a tenté de « brader » le pétrole algérien. Décrié par tous lorsqu'il était en charge du ministère de la Santé, Amar Tou donne également l'impression de s'être complètement « emmêlé les pinceaux » depuis qu'il a été parachuté aux Transports. S'il ne peut être reproché à M. Tou de trop rester dans son bureau, il reste que dans la réalité, il n'a pas fait avancer d'un iota les chantiers lancés par ses prédécesseurs bien que son secteur bénéficie d'un budget de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Et cela, à commencer par le fameux métro d'Alger qui n'arrive toujours pas à voir le bout du tunnel alors que sa mise en service a été annoncé comme imminente… il y a deux ans. Un constat similaire peut être fait concernant la gestion de pratiquement la plupart des responsables politiques présentés comme faisant partie du premier cercle présidentiel. Les opérations de « com » à grande échelle, mises en place à longueur d'année par le Pouvoir afin de donner l'illusion que l'Algérie avance, ne trompent plus personne.