La sablière de Oued Z'hor, à une trentaine de kilomètres à l'extrême nord-est de la ville d'El Milia, est devenue une source de désagréments pour les habitants de Tanefdour. Cette localité, l'une des plus peuplées de la commune d'El Milia, avec ses 14 000 habitants, est, depuis quelques années, le point de passage des camions de grand tonnage avec leur va-et-vient quotidien. Agacés, des citoyens témoignent qu'ils vivent H24 au rythme du bruit et des ronronnements des moteurs de ces poids lourds. « La route a subi les dommages de cette circulation infernale et nos enfants sont exposés quotidiennement au danger des accidents. Ceci en plus du fait qu'on ne dort plus tranquillement depuis des années », fulminent des habitants rencontrés sur les lieux. Des requêtes, restées lettre morte, selon nos interlocuteurs, ont été adressées aux responsables locaux pour attirer leur attention sur cette situation. « Nous demandons la réalisation du projet de la route contournant le village au sujet duquel bien des bruits ont couru sans qu'il voit le jour », soutiennent d'autres citoyens. Le projet de cette route a été annoncé pour relier l'entrée et la sortie de cette localité, afin d'éviter à la population les tracas d'une circulation appelée à devenir encore plus dense avec l'ouverture probable de la plage de Oued Z'hor et le retour du calme et de la sécurité dans la région. Ayant des allures de grand village qui n'a pas connu d'exode, Tanefdour est également le plus grand quartier de la ville d'El Milia. Dotée d'une annexe communale pour délivrer certains documents aux habitants, cette localité reste en butte à des préoccupations qui ne différent pas de celles rencontrées dans d'autres bourgades. L'eau est d'abord le principal souci de la population, précise un homme avec lequel nous nous sommes attablés autour d'un café. Notre interlocuteur jure par tous les saints que le précieux liquide ne coule que rarement dans les robinets, et de préciser que les habitants n'ont pas reçu une goutte d'eau depuis plus de deux semaines. Le chômage est l'autre tare de ce village qui a vu de nombreux jeunes prendre le large avec les harraga pour rallier la Corse et travailler durement pour aider leurs familles. L'île de Beauté est en fait devenue l'eldorado des jeunes chômeurs de cette localité. Entre la poussière et la boue qui s'alternent au gré de la météo, les habitants de Tanefdour sont contraints de respirer l'air pollué de la décharge sauvage de Assardoune, sur la route de Mechat. « Cette décharge est le problème de trop pour nous », s'indignent-ils. Ces derniers qui semblent s'adapter aux fumées polluantes de celle-ci, espèrent, toutefois, voir le processus d'achèvement du centre d'enfouissement technique (CET) de la ville d'El Milia s'accélérer pour se débarrasser de ce fléau.