Comment est-il possible que l'une des communes les plus belles des Aurès soit incapable de gérer ses ordures ménagères, menaçant de crouler un jour sous ses propres détritus ? Les tonnes de déchets produits quotidiennement par quelque 30 000 habitants commencent en effet à faire partie du paysage, occupant l'espace viable dans cette ville mythique, une authentique merveille de la nature. Deuxième question : Qui est responsable de cette dégradation ? Selon la commune, le potentiel humain et matériel n'est pas assez important pour assumer cette lourde tâche. Quatre camions sont mis à la disposition de seize agents, répartis en quatre équipes, chargées du ramassage quotidien des ordures, en dehors du samedi et des jours fériés. Douze autres agents s'occupent du balayage des quartiers. Au vu de l'importance du programme, les moyens matériels ne permettent pas de couvrir la totalité du périmètre communal. Ce déficit en moyens pénalise davantage certains quartiers où le ramassage des ordures ménagères est effectué un jour sur deux. Certains endroits, à l'image de M'Zata, ne sont pas concernés par cette opération à cause des terrains accidentés qui empêchent l'accès des camions, rendant toute collecte impossible. Toutes les ordures sont ainsi dirigées soit vers les abords des habitations, soit vers les ravins et les oueds. Il est à rappeler que cette tâche n'incombe pas uniquement aux services de ramassage mais également aux citoyens qui doivent faire preuve de civisme et de respect des horaires de dépôt des ordures. Mais, citoyens et responsables communaux se rejettent la responsabilité de cette dégradation. Selon un citoyen rencontré près de la décharge érigée à la cité du 1er Novembre, c'est le laisser-aller de la commune qui a généré cette anarchie, en plus du non-respect par les habitants des horaires de ramassage. Il faut dire également qu'il n'y a pas d'autres dépotoirs collectifs et pas de bennes à ordures, ce qui encourage les mauvaises habitudes, notamment celle de balancer les ordures par les balcons, créant, avec le temps, des décharges à ciel ouvert derrière chaque immeuble, attirant bétail et chiens errants. Les marchés de la cité du 1er Novembre ne sont pas contrôlés non plus ; ce sont de vraies décharges publiques à cause des marchands qui laissent derrière eux, en fin de journée, leurs détritus. Salima B., une citoyenne qui habite dans un quartier situé juste derrière le siège de l'APC, confirme qu'une décharge sauvage commençait à déborder, disant à ce sujet : « Les camions chargés du ramassage des ordures ne passent pas tous les jours à cause du stationnement anarchique des véhicules qui bloquent le passage. Nous avons contacté les services concernés, et malgré les plaintes répétées, rien n'a abouti ; c'est la moindre des choses que ces autorités pensent à installer des poubelles devant nos habitations et empêcher le stationnement anarchique des véhicules. En attendant, des odeurs pestilentielles émanant des amas de détritus nous empoisonnent la vie. » De leur côté, les autorités locales estiment que la situation reste maîtrisable, que le meilleur remède est d'éveiller les consciences sur les dangers qui guettent la ville, et que de leur côté, ils s'engagent à déployer des efforts pour maîtriser la gestion des déchets ménagers et mettre fin aux décharges sauvages et à tout ce qui peut nuire à l'environnement.