Bannis de la scène politique, honnis par un large segment de la société, d'anciens acteurs du FIS dissous tentent de s'impliquer dans le mouvement populaire et proposent même des solutions pour une sortie de crise. A l'origine de la tragédie nationale qu'a connue le pays durant les années 1990 et qui reste gravée, à jamais, dans les mémoires des Algériens, ces militants de l'ex-FIS – Mourad Dhina, Kamel Guemazi et Ali Djeddi – qui n'ont jamais abandonné leur projet d'instauration d'un «califat» en Algérie, se sont rendu visibles depuis le début du mouvement. Ils participent aux réunions de l'opposition et apportent leur caution à des initiatives pour une transition démocratique. Qui veut impliquer ces anciens et plus influents membres de l'ex-FIS dans ces mouvements pacifiques ? Quel que soit le camp qui cherche à les courtiser, ces personnes ne peuvent en aucun cas parler au nom du peuple. La rue a signifié une fin de non-recevoir à ces «intégristes». Hier, «une plateforme pour le changement en Algérie» a été lancée par un groupe appelé «CNC-DZ» et a été signée par, entre autres, les «démocrates» Zoubida Assoul, Mohcine Belabbas, Karim Tabbou, mais aussi par des «notables» du FIS dissous, en l'occurrence Kamel Guemazi et Mourad Dhina. Cette plateforme est, d'après ses initiateurs, «le fruit d'un débat de plusieurs semaines et de réunions entre les jeunes Algériens, hommes et femmes, de villes et de villages du pays, préoccupés au premier plan de l'avenir de l'Algérie, indissociablement lié à leur propre avenir. Elle résume et synthétise les avis et points de vue exprimés par la majorité des participants au débat et prend également en compte les propositions avancées et les points de vue exprimés par d'autres acteurs politiques et de la société civile sans exclusion», écrivent ses auteurs. Neuf personnalités de l'opposition et de la société civile l'ont approuvée : Zoubida Assoul, Abdelghani Badi, Mohcine Belabbas, Ali Benouari, Samir Bouakouir, Mustapha Bouchachi, Mourad Dhina, Kamel Guemazi et Karim Tabbou. Contacté pour savoir pourquoi il s'est associé à ces acteurs de l'ex-FIS, Karim Tabbou explique qu'il n'a même pas vu les signatures : «Je ne suis pas dans une logique de constitution de groupe ni d'alliance d'appareil. La plateforme, je l'ai reçue via Facebook. Toutes les idées qui sont posées et qui font l'objet de débat, j'en prends acte. Avec la diffusion de cette plateforme, chacun aura le droit d'exprimer son opinion.» Les signataires de cette plateforme précisent qu'ils ne revendiquent ni la paternité ni un rôle privilégié dans la coordination nationale pour le changement : «La coordination est ouverte, sans exclusive, à celles et ceux qui adhèrent à la présente plateforme et c'est en son sein que seront abordées, de manière démocratique et transparente, les questions de représentation de la coordination ainsi que ses actions concrètes.»