Douze pilotes de ligne d'Air Algérie se retrouvent en rade depuis octobre 2004. Détachés en 2001 à Tassili Airlines, compagnie à capitaux mixtes créée dans le cadre d'une association entre Air Algérie et Sonatrach, ces pilotes n'ont pas vu leur souhait de réintégrer la compagnie-mère exaucé. « Depuis la fin de notre contrat avec Tassili, nous avons pris attache avec le DRH d'Air Algérie, en vain. Nous avions pourtant avisé la direction plus de trois mois avant l'expiration du contrat », nous a indiqué l'un d'eux. Ces aviateurs ont été détachés à Tassili Airlines pour une durée déterminée qui ne devait pas dépasser deux ans. Dans le protocole d'accord signé le 6 octobre 2001 par les différentes parties concernées - à savoir les directions d'Air Algérie et de Tassili Airlines, le syndicat des pilotes de ligne, celui des techniciens de la maintenance, l'UGTA et le CP/DTA -, les modalités de réintégration sont clairement définies. « Les travailleurs désirant réintégrer l'entreprise-mère, après l'année ou les années de détachement, pourront le faire sous réserve d'adresser une demande écrite 90 jours avant la date d'expiration du détachement sous couvert de la direction générale de Tassili Airlines qui la transmettra sous huitaine à la direction générale d'Air Algérie. Dès lors, l'entreprise-mère est tenue de plein droit de réintégrer le travailleur conformément à l'article 159 de la convention collective », est-il indiqué dans le protocole d'accord. Ces pilotes ont voulu réintégrer Air Algérie en octobre 2003, après avoir comptabilisé deux ans de travail à Tassili Airlines. Mais leur demande a été refusée, disent-ils, et on leur a renouvelé un contrat d'une année malgré eux. « En 2004, la direction de Tassili Airlines a pris au sérieux notre demande et a mis fin à notre relation de travail avec cette compagnie, nous mettant à la disposition d'Air Algérie », a ajouté un autre pilote. Depuis, ils sont dans une situation professionnelle floue. « Nous avons été surpris par une note de service affichée à la DTA, indiquant que notre situation reste inchangée jusqu'à ce que les pouvoirs publics tranchent notre cas, et ce, malgré le protocole d'accord nous régissant », ont-ils écrit au ministre des Transports le 7 février dernier. Dans la même missive, les pilotes ont souligné qu'ils sont rémunérés depuis le mois d'octobre 2004 « sans bulletin de paie et avec un simple virement bancaire ». En sus, ces pilotes se retrouvent avec des licences qui ont expiré. Pis, sans travail. A leurs yeux, c'est une manière de les éjecter doucement de la compagnie. Ils ne comprennent pas pourquoi la direction refuse de les réintégrer, surtout qu'elle a besoin de pilotes. « Elle a recruté des étrangers pour combler le déficit », lâchera un autre pilote. Ils ont adressé plusieurs correspondances à la tutelle qui sont restées lettre morte. Lésés, les douze pilotes ne savent plus aujourd'hui à quel saint se vouer.