Un nouveau quotidien en ligne arrive sur la Toile. Créé en France par des journalistes, il se veut un lien entre les deux rives de la Méditerranée et entend donner un nouvel éclairage de l'actualité. Ghania Khelifi, directrice de la publication, souligne l'espace de liberté que représente internet et le nécessaire besoin d'informer hors de toute contrainte. Pourquoi un nouveau site sur l'Algérie ? Votre question laisse entendre qu'il existe « trop » de sites sur l'Algérie. Je ne le crois pas, et même si cela était le cas, je pense qu'il n'y a jamais trop d'informations. Cela dit, chaque journal, qu'il soit en ligne ou en version papier, a sa propre vision de l'actualité et ses propres sources d'informations. La diversité des points de vue et des approches permet, à mon sens, d'élargir le lectorat et surtout de lui donner les moyens de se faire sa propre opinion. Et puis, plus simplement en tant que journalistes algériens, nous voulions apporter notre contribution à l'information de nos compatriotes à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Quel lectorat ciblez-vous ? Je pourrais dire d'emblée tous ceux que l'Algérie intéresse à des degrés différents. Mais nous sommes réalistes, et vous savez certainement que le degré de pénétration d'internet en Algérie reste faible. De fait, nos lecteurs seront les Algériens établis à l'étranger, en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et ailleurs. En Algérie, nous ciblons tous ceux qui ont les moyens de posséder un ordinateur et un accès à l'internet. Le site vient juste d'être créé, pourtant vous avez déjà reçu de nombreux visiteurs et même de remarques. Le site est-il appelé à évoluer ? Nous sommes très contents des remarques et commentaires que nous avons déjà reçus. Ils ont tous été très encourageants et ils nous confortent dans notre conviction qu'il existe une réelle demande d'information chez les Algériens. Le site va évoluer, bien entendu, nous allons introduire des vidéos et varier les rubriques. Nous sommes en train de mettre en place un réseau de correspondants en Algérie et en France. Plus tard, nous en aurons aussi dans les pays où nous avons une forte communauté. Nous avons le projet de faire de viva-lalgerie un vrai et grand journal avec des enquêtes, des reportages et des entretiens. Internet permet toutes les combinaisons possibles et libère le journalisme de la contrainte des délais et des coûts de production. En France et en Europe de manière générale, la presse écrite est dans une situation difficile en raison justement des contraintes financières liées à l'impression et à la diffusion. Même si son existence n'est pas menacée, elle est de plus en plus concurrencée par les journaux en ligne que les gens lisent maintenant sur leur téléphone ! Pour la première fois, le prix Pullitzer, dans la catégorie investigation, a été attribué à un journal en ligne. C'est une vraie révolution ! Moi qui au début de ma carrière ai commencé par écrire au stylo, je suis sans cesse épatée par cette avancée de la presse en ligne. Je dois avouer que j'ai été particulièrement heureuse de pouvoir créer avec mes amis un journal sans autorisation de qui que ce soit, sans agrément, sans rien ! En France, chacun peut lancer son propre journal sans demander l'avis de personne, et nous n'allions pas nous priver de ce plaisir. Pourquoi ce titre ? Vous vous souvenez de l'ambiance après la qualification de l'Algérie au Mondial ? Femmes, hommes, jeunes et vieux, toutes catégories sociales confondues, ont crié viva l'Algérie partout où ils se trouvaient. Aucun autre slogan ne peut mieux parler aux Algériens ni les réunir autant au-delà de toutes leurs divergences. C'est en quelque sorte, notre ligne directrice : nous adresser à tous les Algériens en les informant sur ce qui est important pour eux et pour l'avenir de leurs enfants. Garder aussi le lien entre eux en leur offrant cet espace de liberté. Je dis liberté parce que nous sommes, en tant que fondateurs, maîtres de notre ligne éditoriale. Nous sommes de simples citoyens, journalistes et cadres vivant en France sans gros sous ni connections occultes. C'est notre atout peut-être de ne devoir rendre compte qu'à nos lecteurs. Comment allez-vous financer ce site ? Ah le financement ! Pour l'instant, nous avons engagé notre propre argent. Comme toute publication, nous comptons sur les recettes publicitaires pour développer le site et payer les charges. La priorité est donc d'élargir notre audience pour attirer les annonceurs. On revient à la même problématique en définitive : il faut d'abord faire un bon journal, fidéliser de plus en plus de lecteurs avant d'obtenir de la publicité. Nous sommes très optimistes sur ce point après les échos que nous avons eus.