Les éditions Montparnasse ont eu l'heureuse initiative de sortir un coffret de trois DVD sur la guerre d'Algérie. Un document incomparable qui, sans être exhaustif, est appelé à devenir la référence sur cette période. Pour comprendre les hommes et les évènements. On ne peut qu'être d'accord avec Benjamin Stora quand il dit que « c'est le premier grand film documentaire sur la guerre d'Algérie ». La Guerre d'Algérie, réalisé par Yves Courrière et Phlippe Monnier, d'une durée de 2 heures et demi, est une œuvre monumentale captivante. Des témoignages et des archives, longtemps censurés, pour explorer la genèse d'un conflit dont les racines remontent bien plus loin qu'au 1er novembre 1954. Les auteurs se sont attelés à recréer, retrouver serait plus juste, des ambiances et des émotions vivaces. Le documentaire, et c'est là la force de la caméra par rapport à l'écrit, donne à comprendre mais aussi à sentir. Là où les mots s'avèrent vains, jamais exacts, diminués, l'image conserve toute sa force. On regarde l'histoire dérouler ses pages sous nos yeux. Un enchaînement de gâchis et d'incompréhension qui accouchera des attentats de La Toussaint. Le coffret, éditions Montparnasse, est découpé en trois thèmes, 3 DVD : La Guerre d'Algérie, un documentaire sur les harkis de Jean-Charles Deniau et, à notre grand bonheur, Les Oliviers de la justice, une fiction de James Blue d'après le roman de Jean Pélégri, sur une musique de Maurice Jarre. Un film très rare, en noir et blanc, tourné en 1961 à Alger, d'une rare humanité. D'abord, l'histoire. Pour comprendre, deux historiens engagés durant la guerre d'Algérie : Pierre Vidal-Naquet pour l'indépendance de l'Algérie et Raoul Girardet, membre fondateur de l'OAS. Ce coffret, sept heures de programmes pour comprendre le drame, sous-titre sobrement l'éditeur, s'adresse aussi bien au cœur qu'à la raison. Les témoignages donnent des éclaircissements nécessaires pour décrypter des évènements qui peuvent échapper a priori aux profanes. L'objectif n'est pas de condamner ou de porter des jugements à l'emporte-pièce, toujours faciles, surtout près d'un demi-siècle plus tard, mais de comprendre les hommes et leur choix. Ensuite, le coup de cœur. Après le documentaire, les témoignages et les analyses, place à la fiction. Même si on n'est pas très loin du documentaire : Les Oliviers de la justice. Une fiction au regard tourné vers l'intérieur. En 1962, un Français retourne à Alger au chevet de son père malade. « C'est l'histoire d'un homme qui, en retournant dans son pays natal, décide d'y vivre. » Le film de Jean Pélégri, tourné juste avant les Accords d'Evian, est plein d'humanisme. Il raconte l'amour de l'Algérie et de la séparation de ses différents fils. Autre gâchis né de l'incompréhension et de l'injustice. Lors de son unique diffusion en France en 1986, Tahar Ben Jelloun avait très justement écrit : « Film juste, simple et sans complaisance. C'est une excellente idée de le diffuser à la télé. Malheureusement, le tabou autour de cette période est toujours là : le film est programmé à 23 h. » Pour la télévision algérienne, il faudra attendre un autre demi-siècle ? Ce coffret est à mettre dans chaque foyer algérien et français. Pour la compréhension mutuelle. Pour que cette période ne soit plus un tabou.