Le procès tant attendu de l'APC de Tiaret a donc fini par s'ouvrir hier. L'ex-maire déchu, Bekki Omar, est passé le premier à la barre. Le principal accusé poursuivi pour « conclusion de contrats contraires au code des marchés publics et utilisation de la fonction à des fins personnelles », s'est défendu en pointant un doigt accusateur vers le chef de daïra et l'ex-wali. Bekki, en réponse aux questions du juge sur son rôle dans « la régularisation des situations induites par les travaux d'aménagement urbain, l'éclairage public, les espaces verts, la gestion des colonies de vacances, la délivrance de bons de commande », entre autres, a répliqué avoir agi sous le sceau de l'urgence non sans rappeler le contexte dans lequel a été prise la décision sur ordre (verbal) du wali et du chef de daïra. Après avoir battu en brèche la notion d'urgence qui ne s'applique qu'en cas de catastrophe, le président a longtemps focalisé sur l'irrespect de la réglementation et subséquemment de cette volonté de fuir ses responsabilités en la diluant à celle des autres. A première vue, comme égrené par le président de la séance, les dépassements sont nombreux et entourés de flou. Citant la commande à près d'un milliard de centimes pour l'achat de drapeaux, du troc effectué sur l'enlèvement de la roche contre la fourniture non quantifiée d'agrégats, le mât et l'étendard acquis auprès d'une entreprise turque pour la célébration du 19 Mars, l'assainissement, la gestion du couffin du Ramadhan, autant de commandes passées saucissonnées pour ne pas s'astreindre au code des marchés publics. L'audition de l'ex-vice-président, chargé des travaux, A. Laâkef, a été pour le moins expéditive, car centrée sur sa gestion de l'opération de réparation des appareils de chauffage dans les écoles primaires. Cet élu aurait lui-même établi la liste des entreprises sans passer par un avis d'appel d'offres pour plus de transparence. L'ex-chef de daïra, en dépit des charges retenues contre lui, a paru le plus loquace. Après avoir rappelé son rôle d'intermédiaire entre le wali et l'assemblée élue, il a réfuté toutes les accusations portées contre lui. Il a fait savoir que « le coup de starter de ces opérations a été opéré dans l'enceinte du parc de l'APC sans qu'il ne soit présent, ni d'ailleurs ordonné quoi que ce soit ». Pour rappel, c'est sur ordre du wali (réunion avec les cadres à la wilaya en prévision de la visite du président de la République à Tiaret) qu'une rencontre s'est tenue à la daïra en présence des techniciens, du maire et son vice-président, des techniciens et des entrepreneurs. Rencontre ponctuée par l'élaboration de fiches techniques à présenter au chef de l'exécutif. L'enveloppe dégagée dépassait les 57 milliards, mais le nouveau wali l'a réduite de sept milliards non sans préconiser l'application de la réglementation. Entre temps, des bons de commande ont été octroyés aux entrepreneurs pour l'aménagement urbain, l'éclairage public et les espaces verts. La visite a été annulée en 2007 des suites de l'attentat qui avait visé le Président à Batna. Le nouveau wali a instruit une enquête et décidé de la suspension du maire (d'obédience RND) et a fini par déposer plainte. Près d'une année après, sur fond d'accusations, enquêtes et expertises, la justice est appelée à démêler l'écheveau et délimiter les responsabilités.