Malgré ses critiques envers ces élections, le département d'Etat a souligné vouloir poursuivre ses relations avec le Soudan. Le parti du président soudanais, Omar el-Béchir, a rejeté hier des déclarations américaines selon lesquelles les élections soudanaises n'avaient pas été « libres et équitables », mais s'est félicité de la main tendue par Washington pour le maintien de relations entre les deux pays. « L'un des critères les plus importants concernant les normes internationales est de savoir si les élections sont libres et équitables. Or, nous avons rempli ce critère », a affirmé Ibrahim Ghandour, haut responsable du Parti du congrès national (NCP) du président Béchir. Lundi soir, un porte-parole du département d'Etat américain a déclaré que les élections au Soudan n'étaient « ni justes ni équitables ». « Ces élections n'ont pas répondu aux normes internationales », a poursuivi Philip Crowley, selon une transcription officielle. Les observateurs de l'Union européenne et de la Fondation Carter avaient conclu le week-end dernier que les premières élections — législatives, régionales et présidentielle — multipartites depuis 1986 au Soudan ne répondaient pas aux « normes internationales ». Devant la presse, ils avaient souligné ne pas utiliser la terminologie de « libre et juste » pour décrire un processus électoral, et préférer le critère plus large de « normes internationales ». Pour le parti présidentiel, en affirmant que les élections avaient répondu en partie à ces normes, les observateurs internationaux ont reconnu leur caractère « libre et juste ». Riposte La Fondation Carter et la mission de l'UE ont fait état de problèmes logistiques (bulletins de vote envoyés dans les mauvais bureaux de vote, noms d'électeurs absents des listes électorales, etc.), mais aussi de problèmes politiques (atteintes aux libertés fondamentales) et de sécurité (intimidation). Le Soudan, plus vaste pays d'Afrique, est toujours dans l'attente des résultats de ce scrutin qui devrait reconduire le président Béchir, au pouvoir depuis 1989 et un coup d'Etat soutenu par les islamistes. Malgré ses critiques envers ces élections, le département d'Etat a souligné lundi soir vouloir poursuivre ses relations — longtemps troublées et toujours délicates — avec Khartoum. Les Etats-Unis vont « continuer de travailler avec le gouvernement au Nord (gouvernement central) et le gouvernement au Sud (Sud-Soudan semi-autonome) », et ce malgré les « irrégularités », a noté Philip Crowley. « Nous voulons aller de l'avant dans la mise en œuvre de l'ensemble de l'accord de paix global (ayant mis fin en 2005 à 22 ans de guerre civile entre le Nord et le Sud) et des référendums de janvier » sur le statut de la région contestée d'Abyei et de la sécession du Sud-Soudan, a-t-il ajouté.