Les trois principaux partis soudanais d'opposition ont annoncé jeudi soir un boycottage total des élections qui se tiendront le 11 et le 13 de ce mois et qui devraient reconduire au pouvoir le président Omar El Béchir, alors que l'émissaire américain tentait de sauver la crédibilité de ce scrutin, miné par des accusations de fraude. «Les forces du Consensus national ont décidé de rejeter et de boycotter les élections à tous les niveaux», a déclaré Mariam El Mahdi du parti Umma, lors d'une conférence de presse à Omdurman, ville jumelle de la capitale Khartoum. Les quatre principales composantes du Consensus national sont le Parti Umma (nationaliste), le Parti Umma - réforme et renouveau, le Parti communiste et le Parti unioniste démocrate (DUP). Cette annonce doit encore être avalisée par chacun des partis dans des réunions internes, ont indiqué des responsables. Ces quatre formations avaient annoncé auparavant que leurs candidats à la présidentielle se retiraient de l'élection. Elles n'avaient pas précisé si ce boycottage s'appliquait aussi aux élections législatives et régionales. La Umma et les Unionistes sont les deux piliers traditionnels de la politique soudanaise. Ils avaient respectivement terminé premier et deuxième lors du dernier scrutin multipartite de 1986, avant le coup d'Etat militaire de l'actuel président Omar El Béchir en 1989. L'opposition accuse de partialité la commission électorale et estime que le parti du président El Béchir se prépare à bourrer les urnes. Ces retraits surviennent au lendemain de l'annonce du retrait de Yasser Arman, du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes) et principal rival du président El Béchir. Le SPLM voulait se montrer solidaire des demandes de l'opposition mais ne souhaitait pas ulcérer le président El Béchir qui a menacé de rejeter le référendum clé sur la sécession du Sud-Soudan de janvier 2011, estiment plusieurs observateurs.