Si l'enseignement de Tamazight trouve des difficultés à avancer sur le terrain dans la wilaya, cela est substantiellement dû à la résistance que lui oppose l'idéologie islamiste ! » C'est du moins ce que pense M. Belaggoun, inspecteur de langue tamazight. Le début de l'opération a rencontré, selon lui, beaucoup d'embûches, dues notamment au caractère optionnel assigné à cette matière. En effet, la langue tamazight a quasiment disparu des écoles une année après son lancement en 1995, et ce n'est qu'en 2005 qu'elle a repris sa place. Depuis cette année-là, 20 000 élèves s'y sont inscrits et 90 enseignants sont recrutés. Dire qu'à ce niveau la wilaya a répondu à 50% des besoins. La direction de l'éducation, selon notre interlocuteur, n'a ménagé aucun effort pour que cette matière ait sa place sur la carte scolaire, néanmoins, regrette-t-il, la volonté politique reste frileuse et tarde à répondre à une exigence fondamentale : « matière obligatoire et non optionnelle », seule réponse à même de contrecarrer la guerre idéologique menée par certains chefs d'établissements et certains enseignants. Usant de leur influence sur les élèves et leurs parents, dira M. Belaggoun, ces mêmes personnes prônent « la langue du paradis (l'arabe, ndlr) » contre celle de l'enfer et de l'hérésie (le français, ndlr) ». Pour lui, il est impératif de remédier à cette lacune et déclarer tamazight matière obligatoire, afin de lui donner la place qu'elle mérite et de barrer le chemin face aux flagrantes velléités de nuisances menées par ceux-là mêmes qui, dans un passé proche, ont causé assez de dégâts. Evitant la polémique du choix des caractères, latins pour les uns, arabes pour d'autres ou encore tifinagh, notre interlocuteur préfère attirer l'attention sur le ministère de l'Enseignement supérieur qui refuse au jour d'aujourd'hui l'ouverture d'un institut de tamazight au sein de l'université de Batna. C'est d'ailleurs sur quoi insistent les enseignants au niveau du moyen et du secondaire. Pour leur part, il est temps que le ministère réponde à cette doléance, seule garant de la survie de cette matière. L'ouverture d'un tel institut apportera un plus inestimable qui encouragera les élèves des lycées et collèges à opter pour cette langue, comme il permettra l'ouverture de nouveaux horizons dans le domaine de la recherche, car la wilaya de Batna, estiment ces mêmes enseignants, est une bibliothèque encore inexplorée. Sur un autre plan, c'est la position de la direction de l'éducation par rapport à l'utilisation des caractères arabes qui n'arrête pas de les intriguer. Bien que tous les programmes d'enseignement soient conformes dans toutes les régions d'Algérie, ils n'arrivent pas à déceler l'énigme qui entoure les raisons de cette question ! Pourquoi l'utilisation des caractères latins est-elle permise à Tizi-Ouzou et pas à Batna ? s'étonnent-ils. Eux qui sont confrontés à la réalité du terrain, savent que le caractère latin est mieux adapté à tamazight. En dépit de tout cela, ils restent intimement convaincus que le tififnagh aura un jour raison aussi bien des caractères arabes que ceux latins.