Chercheurs et militants du mouvement berbère se sont rencontrés, hier à Batna, à l'occasion d'une conférence-débat organisée par le bureau local du RCD. Une activité inscrite dans le cadre de la célébration du 30e anniversaire du printemps berbère. L'assistance, plutôt clairsemée, présente à la maison de la culture, a écouté les interventions en langue arabe. Aïssa Belaggoun, inspecteur de tamazight au niveau de la direction de l'éducation de Batna, a présenté un tableau noir de la situation de l'enseignement de cette langue. Les embûches administratives et les esprits rétrogrades ont cassé l'élan qui avait caractérisé le lancement de cette politique, selon lui. Il s'agit, d'une part, du principe du choix de la matière accordé aux élèves et, d'autre part, des parents d'obédience islamiste qui s'opposent à l'enseignement de tamazight et interdisent l'option à leurs enfants. Toujours selon M. Belaggoun, c'est la honte si l'Etat continue à proposer l'enseignement de tamazight comme une option et non comme une obligation. De son côté, le chercheur et animateur associatif Mohamed Merdaci a critiqué, dans son intervention, les pratiques de l'« oppositionnisme » chez « beaucoup de militants passifs qui ne font que critiquer ceux qui travaillent ». Il a par ailleurs mis le doigt sur le problème du chevauchement entre le militantisme partisan et celui de la cause amazigh. Selon lui, les partis politiques peuvent agir chacun pour ses intérêts politiques, mais cela n'empêche pas qu'il y ait un « smic » républicain autour de la défense des intérêts identitaires. La parole a été donnée aussi à Rachid Hamatou, qui a traité la question sous l'angle de la presse écrite. Selon lui, les Aurès ne sont présents dans les journaux qu'à travers des faits divers livrant un visage négatif de la région. L'assistance a profité également des conférences de Mohamed Salah Ounici, chercheur universitaire à Khenchela, et de Aïssa Brahimi qui a abordé la chose à travers les chanteurs et les chansons chaoui. La rencontre a été l'occasion de lire des poèmes et projeter un film documentaire.