Cette cité inachevée, dont les travaux ont été entamés en 1990 et qui devaient prendre fin en 1995, est abandonnée par toute tutelle. La cité 450 logements APC-CNEP, dans la commune de Birkhadem, est encore plus invivable qu'un site bidonville. Située à proximité d'agglomérations urbaines et pas loin de la station de bus du chef-lieu, cette cité connue sous le nom de « Beta vie » s'érige en zone de non-droit où « insécurité, prostitution et mal-vie » cohabitent avec des résidants, dont une bonne partie est composée de squatters. Cette cité inachevée, dont les travaux ont été entamés en 1990 et devaient prendre fin en 1995, est abandonnée par toute tutelle, à telle enseigne que les bénéficiaires ont perdu l'espoir de voir les travaux y reprendre un jour. ire, Beta vie, connue pour son anarchie et son insalubrité, offre des scènes ahurissantes, peut-être inexistantes dans les cités les plus précaires de la capitale. A titre d'exemple, le réseau d'alimentation en eau potable y est bizarrement pendu et traverse, à des dizaines de mètres de haut, la voie publique pour finir dans les foyers. De loin, on dirait que les tuyaux d'AEP sont des câbles électriques, mais, de plus près, le visiteur distinguerait difficilement les câbles d'alimentation en électricité de ceux d'approvisionnement en eau potable. « Ici, tous les moyens sont bons pour survivre », dira un habitant, ajoutant qu'à l'intérieur des appartements, « non séparés », les familles ont recours à tous les subterfuges pour rendre les murs de béton un peu plus cléments. Ces logements, a-t-on appris sur place, ont été habités, alors que les édifices n'étaient qu'à l'état de carcasses. « Les bénéficiaires étaient contraints d'occuper leurs appartements de crainte d'être squattés », raconte un autre résidant. C'est ce qui a, d'ailleurs, fini par se produire, puisque plusieurs appartements ont été occupés illégalement par des « arrivistes », certains d'entre eux ont même élu refuge dans les locaux commerciaux du rez-de-chaussée. Evoluant dans la même misère, les quelque 450 familles de la Beta vie tentent, tant bien que mal, de faire face à cette situation et attirer l'attention des autorités publiques. A plusieurs reprises, les jeunes de la cité avaient bloqué la route pour exprimer leur ras-le-bol. Le dernier mouvement de protestation observé par les citoyens remonte aux dernières pluies qui se sont abattues sur la capitale. « Ce jour-là, la cité a été submergée par les eaux et la boue, certaines familles ont dû fuir leurs logis de crainte d'y périr noyées », relate notre interlocuteur. Suite à cette action de protestation, les autorités locales ont mobilisé une pompe à eau dépêchée à chaque averse, mais sans pour autant daigner régler d'une manière définitive les défaillances du réseau d'assainissement et en finir avec le problème d'évacuation des eaux. Ainsi, si les résidants se plaignent des factures salées que leur imposent leurs « fournisseurs privés » en eau et électricité, du climat infect, de la délinquance et de l'insécurité ambiante, leur principale préoccupation demeure le sort réservé à cet ensemble d'immeubles inachevés et depuis très longtemps abandonnés. « Nous avons déjà saisi les services de l'APC et les responsables locaux nous ont exprimé leur impuissance et signifié que la décision de poursuite ou non des travaux dépendait de la wilaya d'Alger », a indiqué un citoyen. En l'absence « même de fausses promesses », les résidants légaux et illégaux continuent de survivre dans ce ghetto avec l'espoir de voir un jour l'autorité publique prendre les choses en main et réhabiliter une cité qui porte préjudice au paysage urbain environnant.