Le chaâbi reste un genre musical populaire indémodable, très prisé par les mélomanes, toutes générations confondues. A l'occasion du mois sacré du Ramadhan 2019, l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) a organisé, en partenariat avec le Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi, du 17 au 19 mai, trois soirées artistiques consacrées à la nouvelle scène de la chanson châabie. Des hommages ont été également rendus à de grands maîtres du chaâbi : Cheikh Amar Ezzahi, Cheikh Amar Lachab et Cheikh H'cen Saïd. La première partie de ces soirées était consacrée à la projection d'un film documentaire sur la vie et l'œuvre de l'artiste, et la seconde est dédiée à l'animation musicale, avec le passage sur scène des artistes de la nouvelle scène chaâbie. En tout, ce sont pas moins d'une quinzaine d'artistes -originaires d'une huitaine de wilayas- qui se sont succédé sur scène pour présenter un programme de leur choix, ne dépassant pas les 20 minutes. La première soirée s'est caractérisée par de belles prestations signées par les jeunes artistes, Youcef Nassim et Zoheir Mazari, d'Alger, Mohamed Yacine Lounici, de Aïn Defla et Mokhtar Achouri d'El Kseur (Béjaïa), suivi de la vedette Nourreddine Allane, qui n'est plus à présenter tant sa réputation est bien assise. En dépit d'une assistance clairsemée mais empreinte d'une ambiance de fête, la deuxième soirée -dédiée à Amar Lachab- qui a eu lieu samedi soir, a réuni une brochette d'artistes aux talents époustouflants, entrecoupée par la projection d'un film documentaire de 15 minutes, écrit et réalisé par Abdelkader Bendemaâche sur le parcours de Amar Lachab. Un film documentaire qui a permis de revenir un tant soit peu sur la vie et l'œuvre de cet artiste exilé en France depuis 1975 et qui compte à son actif une trentaine d'enregistrements à la Radio et à la Télévision algériennes, ainsi qu'une soixantaine de disques, tous supports confondus. Sous la direction du chef d'orchestre, Djamel Thaâlibi, l'orchestre pilote chaâbi de l'AARC -composé de douze instrumentalistes- a donné le la à cinq artistes, dont deux assez connus. Le premier à étrenner la soirée est Tarek Difli qui, rappelons-le, excelle dans le malouf et le chaâbi depuis près de 32 ans, avec des débuts au sein de l'association El Ferganya. D'une voix prenante, il interprète Ana law ch'kit lesma, Zaretni ber'rda ahl en'niami et El gharam afnani. Brahim Hadjadj de Annaba prend brillamment le relais en entamant à son tour de chant par Ach âadani lech em'chit, suivi de Elli moulah aâtalou, dans les modes zidane et maya. Place ensuite à un moment de lecture poétique avec les poètes Bachir Tehami de Mascara et Chalal Khaled de Mostaghanem. Ces derniers ont déclamé un assortiment de poèmes populaires, dont certains ont été interprétés par des icônes du chaâbi. La soirée s'est clôturée vers 1h30 avec deux brillantes prestations, celles de Hakim El Ankis et Nacer-Eddine Galiz. Digne fils du regretté Boudjemaâ El Ankis, Hakim El Ankis a égayé la soirée par sa voix rocailleuse en interprétant un florilège de titres célèbres dans le mode zidane, dont Waâlech ya kebdi wlidi, En'Ness t'ghenni aâlik y a qemra, « Khayfane djit aândek kaced, Aman, aman aâl Ez'Zmane, Ahliya et Men hou li blak alalla. Lui succédant, Nacerddine Galiz a interprété avec succès deux compositions sur des textes de Yacine Ouabed Chkoun fikoum yeketb et El Haq wasmou haq, suivis d'une série de reprises, dont, entre autres, Ma naâref'ch wana s'ghiyer, Aâla w'hida, El Barah, Fe elli fet, Hekmet, Aib Aâlik enti m'hen'ya, Djey ech'chta ou djaw leriyah, A rassoul Allah et Ab'kaw aâla khir. La dernière soirée, dédiée au cheikh Hassen Saïd, a réuni d'autres artistes connus, à l'image de Abbelkader Chaou, Faycel Boukhatache, H'ssinou Fadli- Rachid Guettafa ainsi que Sabah Andalousia. Pour le directeur de l'AARC, Abdelkader Bendaâmache, le chaâbi a été mis à l'honneur, car il se prête à l'atmosphère du Ramadhan et «pour rappeler aussi que dans cet endroit, on a fait du chaâbi destiné à la jeunesse. Pour créer cette continuité, puisqu'on nous a enlevé le Festival national de la musique chaâbi pour le donner à Riadh El Feth, mais depuis il est mort. Avec les faibles moyens mis à notre disposition, il y a la volonté et le besoin de dire quelque chose et de faire dire quelque chose aux jeunes», explique-t-il. Notre interlocuteur est convaincu que le concept de la nouvelle scène de la chanson chaâbi est plus développé. Les artistes sont encouragés à leur juste valeur.