Enième dérapage de Naïma Salhi. La secrétaire générale et députée du Parti pour l'équité et la proclamation (PEP) de la wilaya de Boumerdès a accusé, dans une vidéo publiée le 11 juin sur sa page Facebook, la grande moudjahida Djamila Bouhired de «connivence» avec les Français. La députée remet en cause dans son live, exercice qu'elle affectionne, le parcours de l'héroïne. «Il y a des gens qui ont été transformés en héros et ont été soutenus, à l'instar de Djamila Bouhired… Pardonnez-moi Madame, mais vous soutenez les Zouaves (Kabyles dans le lexique haineux de Salhi, ndlr) contre l'armée novembrienne. Moi, personnellement, je ne vous citerai plus jamais comme exemple. Je vous dis : où bien ils vous ont ‘‘gonflée'' ou bien les Français ont fait de vous une héroïne», lâche la députée. La vidéo infâme a fait réagir sur les réseaux sociaux : Redouane Boudjemaa, enseignant à l'université d'Alger, a alerté le premier sur la gravité de la publication et a sollicité ses followers sur la faisabilité d'une action en justice contre la députée. «Il faut bannir la haine et exclure l'exclusion et les propos racistes. Faire dans la haine est dangereux, il faut bannir la haine quelles que soient les victimes de cette haine et quels que soient l'auteur et la source de la haine», tranche-t-il dans une déclaration à El Watan. Un groupe d'avocats, à leur tête Me Abdelghani Badi, étudie la possibilité d'engager des poursuites contre la députée. «Nous devrons prendre en compte l'avis de Djamila Bouhired et l'immunité de Naïma Salhi. Il reste que le procureur peut s'autosaisir et engager l'action publique en s'appuyant sur le statut de notre moudjahida, d'autant plus qu'il existe un texte de 2016 qui condamne toute atteinte aux chouhada et moudjahidine», nous précise Me Badi. Une première plainte a été déposée, dimanche 9 juin, au tribunal de Boumerdès contre Mme Salhi par Mes Kader Houali, Soufiane Dekkal et le journaliste Salim Chait pour «incitation à la haine raciale» et «appels au meurtre» contre les citoyens de Kabylie. «Salhi fait partie du réseau Bouteflika» «Comme nous l'avons écrit dans notre premier communiqué du 9 juin 2019, notre plainte a été déposée suite aux appels au meurtre et incitation à la haine raciale. Nous avons décidé de demander une audience au procureur près le tribunal de Boumerdès, la semaine prochaine, pour demander des suites de notre plainte. Nous constatons comme tout le monde l'hystérie de Mme Naïma Salhi depuis que nous avons rendu publique l'affaire. Nous avons cru qu'elle allait baisser d'un ton ses attaques violentes contre des personnes. Elle a redoublé de férocité pour s'en prendre cette fois-ci à l'icône de la guerre de Libération, Mme Djamila Bouhired qu'elle traite de ‘‘produit' de la France coloniale. Espérons que le procureur de la République prenne en compte cet énième dérapage pour le joindre au dossier de la mise en cause», estime Me Houali. Critiquée après sa sortie sur Bouhired, Mme Salhi a récidivé, hier, sur sa page et défendu sa «parole libre» ! La députée, que ses collègues de l'APN n'ont pas osé toucher, est-elle assurée de l'impunité ? «Je ne pense pas qu'elle soit assurée de l'impunité. Cette dame fait partie des réseaux pro-Bouteflika et de quelques réseaux qui avaient imposé ce dernier au pouvoir. Elle fait partie de l'Algérie d'avant 22 février. Elle prêche un discours haineux et régionaliste et elle fait tout pour pousser à une ‘‘fitna'' (discorde). Heureusement, l'Algérie du 22 février a vu naître une conscience nationale qui va enterrer toutes les folies régionalistes et les aventuriers séparatistes. Cette dame, désignée députée, me fait rappeler l'année 1997 où un député de l'Alliance présidentielle de l'époque avait voulu déchoir M. Hocine Ait Ahmed de sa nationalité algérienne suite à sa prise de position contre les généraux janvieristes. En 2019, une autre députée liée au système ose insulter Bouhired, l'accusant d'être proche des Français», enrage Redouane Boudjemaa.