La situation n'a guère changé depuis des décennies, au point que les gens s'interrogent sur l'utilité d'une entreprise communale des pompes funèbres. Les cimetières à Constantine, à l'exception, peut-être, dans une certaine mesure, de celui de Zouaghi, lequel est plus ou moins bien entretenu, sont dans un état catastrophique, et leur gestion par la commune se fait dans d'une manière déplorable. De graves manquements qui se traduisent par l'absence de désherbage, mais également par l'état de saleté qui caractérise ces lieux. Un constat que tous les citoyens de Constantine ont pu faire, particulièrement au niveau du cimetière central. Surchargé, très mal entretenu, envahi par les herbes folles et sujet au glissement de terrain, l'on peut également y remarquer que des dizaines de pierres tombales, notamment dans sa partie basse, se sont brisées sous l'effet de l'érosion des sols. Toutefois, la palme du laisser-aller en matière de gestion des lieux de repos éternels à Constantine revient au cimetière d'El Gammas. Situé sur un terrain abrupt, poussiéreux et rocailleux, ce cimetière se trouve actuellement dans un piteux état, en dépit des efforts consentis par les habitants du quartier qui organisent ponctuellement des actions de nettoyage, malheureusement insuffisantes, devant l'énormité de la tâche. En plus des sachets et des bouteilles en plastique qui jonchent ses allées, l'on peut constater qu'à l'instar du cimetière central, les herbes folles ont trouvé, là aussi, un terrain favorable à leur propagation. Le moindre espace à l'intérieur ou dans les différentes allées délimitant les pierres tombales en est recouvert. Certaines stèles, protégées pourtant par des grilles, n'ont pu échapper à la poussée effrénée de la flore sauvage. Interrogé sur l'état de laisser-aller dans lequel se trouve ce cimetière, un gardien, rencontré sur place, soutient que cette situation est due principalement au nombre insuffisant de personnel affecté par la mairie à son entretien. «Avec une équipe constituée de six agents seulement, dont trois sont chargés uniquement du gardiennage, deux pour la nuit et un pour le jour, nous ne sommes plus que trois pour veiller aux enterrements, creuser les tombes et nettoyer un cimetière qui s'étale sur plusieurs hectares. Nous faisons pour le mieux, mais je vous avoue qu'il est très difficile d'accomplir notre travail dans les meilleures conditions», nous dira-t-il. Cela dit, et face à la saturation des cimetières à Constantine, les autorités de la ville avaient annoncé en 2016 l'affectation d'un terrain d'une superficie de quatorze hectares pour abriter un nouveau cimetière, sans aucune précision sur son lieu d'implantation. Un projet mort-né, puisque personne n'en parle depuis. Dans un autre registre, il est aberrant que les autorités se plaignent de la saturation des cimetières existants, alors que pour Ali Mendjeli, une nouvelle ville qui compte actuellement plus de 300 000 habitants et qui est appelée à en accueillir beaucoup plus, en est dépourvue.