Le guide libyen, colonel Mouammar Kadhafi, a reçu hier les quelque 500 membres du Conseil national du FLN dans sa tente installée à l'hôtel Sheraton Club des Pins, à Alger. La rencontre débat a duré plus de trois heures et était fermée à la presse « non officielle ». C'est-à-dire la presse privée. Mis à part l'ENTV et l'agence de presse officielle APS, admises dans la « superbe et géante » tente du leader de la Jamahiriya, les représentants des autres organes de presse nationaux et internationaux ont été refoulés par le protocole du guide libyen. Cela en dépit de l'invitation reçue de la part du FLN qui a tenu dans le même hôtel une session extraordinaire de son conseil national, à huis clos aussi. La rencontre avec le colonel Kadhafi devait, initialement, avoir lieu dans la salle des conférences de l'hôtel Sheraton, juste après la suspension des travaux du conseil national en fin de matinée. Mais le colonel Kadhafi en a décidé autrement et le FLN n'est là que pour lui faire plaisir. Ainsi, des badges spéciaux ont été distribués selon le goût et l'humeur du protocole libyen. L'énorme retard mis pour livrer les « sésames » permettant aux cadres du FLN de voir de près M. Kadhafi a provoqué une cohue inextricable devant l'accès principal au hall de l'hôtel donnant sur la tente qui ressemble à un chapiteau. La bousculade s'est soldée par une table en verre qui a volé en éclats et des photographes malmenés. Un élément du protocole libyen, paniqué, a failli sortir son arme contre une photographe qu'il a humiliée. Une prise de bec a eu lieu. Et ce n'est qu'après l'intervention d'un responsable de la sécurité de l'hôtel, un Algérien, que le Libyen s'est calmé, tout en gardant le doigt sur la gâchette, sous sa veste en jaune kaki. Les invités de M. Kadhafi sont entrés dans la tente, tandis que journalistes et photographes ont été sommés par un officier libyen de « vider » le hall. « Seule la presse officielle est admise. Vous êtes priés de sortir d'ici », a-t-il lâché en montrant d'un geste la sortie. A l'extérieur, devant l'entrée principale du Sheraton, la limousine du guide libyen est stationnée sous la garde d'un 4X4 Toyota, portant sur sa plaque minéralogique « Chaâb El Mossallah (le peuple armé) » en gros caractères rouges. Cette « sortie » du guide libyen n'est pas la première du genre depuis qu'il a décidé de prolonger son séjour à Alger. Il avait déjà rencontré, vendredi dernier, les cadres et militants du RND, des étudiants et des syndicalistes de l'UGTA, dans les mêmes conditions, sans la presse. A l'intérieur de la tente, M. Kadhafi, devant Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, et de Abdelkader Bensalah, président du Sénat, a trouvé étrange que la Constitution algérienne limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Il a ainsi souligné « la nécessaire souveraineté du peuple dans la prise des décisions ». « Les lois ne sont nullement sacrées et peuvent être modifiées selon la volonté du peuple souverain », dira-t-il. Allusion faite à la position du président Bouteflika qui est à son dernier mandat, selon la version actuelle de la Constitution. Le guide libyen a-t-il exprimé le vœu du président Bouteflika d'amender la loi fondamentale du pays pour pouvoir briguer un troisième mandat ? Qualifiant le FLN de « socle » du militantisme algérien, le colonel Kadhafi a estimé que les autres formations politiques existantes, comme le RND, doivent activer sous la houlette de ce parti.