Dans une conférence-débat organisée samedi soir au sein de l'ambassade de Suisse, le photographe Léo Fabrizio est revenu sur son livre Fernand Pouillon et l'Algérie bâtir à hauteur d'homme l L'ouvrage sera édité par les éditions Barzakh début 2020. L'ouvrage de près de 200 pages rassemble les photographies faites par Léo Fabrizio et Daphné Bengoa, respectivement photographe et cinéaste. Les collaborateurs présentent les œuvres architecturales de Fernand Pouillon faites en Algérie. Ce célèbre architecte connu pour avoir construit après la Seconde Guerre mondiale en France ainsi qu'en Iran. En effet, il a réalisé de nombreux bâtiments, notamment des logements sociaux tels que Climat de France, Diar El Mahçcoul, des résidences universitaires à Bab Ezzouar, mais aussi des complexes touristiques (Sidi Fredj). La position sociale de Fernand Pouillon est unique dans l'histoire de l'architecture, car il met en premier le bonheur des hommes en construisant avec des matériaux nobles. Selon lui, c'est la seule façon de créer une communauté du vivre-ensemble dans le but de garantir une meilleure intégration sociale. Ce livre met donc en lumière le travail de Daphné Bengoa qui capture l'intimité des habitants dans leur vie ordinaire, tandis que le photographe Léo Fabrizio s'est intéressé à l'essence même de ces bâtiments qui traversent les époques. Il faut savoir que beaucoup de photographes s'arrêtent sur l'architecture à l'époque de la conception. Mais ce qui intéresse Léo Fabrizio, c'est la capacité de ces architectures à survivre à travers les époques, et les histoires qu'elles racontent. «Cela me paraissait important de montrer ces architectures dégradées, car toutes ne supportent pas les époques. D'où, l'idée de transmettre et de créer cet immense corpus », confie Léo Fabrizio. Chambre technique Le photographe n'a pas choisi un appareil photo digital, mais s'est plutôt muni d'un matériel analogique très imposant. Son choix s'explique par la nécessité de ce moment de réflexion qui nous pousse à faire des photographies uniques. De plus, le cœur de l'ouvrage renferme un texte de KaoutherAdimi. L'écrivaine algérienne propose un autre regard plus intime que ce que pourrait être la vie d'une famille dans une cité (une fiction). On retrouve également des textes des photographes expliquant leur pratique comme étant un besoin de donner quelques éléments sur cette œuvre très peu connue. Par ailleurs, l'ambassadeur de Suisse à Alge, Lucas Rosenkranz, présent à la conférence, encourage vivement Léo Fabrizio pour la poursuite de ses travaux. «Je crois qu'il souhaite encore faire des photos de l'œuvre de Fernand Pouillon, mais cette fois-ci dans le Sud de l'Algérie. Je crois même qu'il prépare les autorisations nécessaires», précise l'ambassadeur. La conférence était accompagnée d'une exposition de l'architecte et enseignante de l'EPAU, Myriam Maachi Maïza, concernant les compositions architecturales des œuvres de Fernand Pouillon. Un travail faisant partie de sa thèse de doctorat.