Une foule, composée des familles des prisonniers, de militants de partis et de personnes anonymes, les attendait à leur sortie de prison, marquée par des scènes de joie. Treize détenus du hirak, incarcérés depuis l'été dernier à la maison d'arrêt d'El Harrach, dans la banlieue d'Alger, ont retrouvé, hier, la liberté après avoir purgé une peine de six mois de prison ferme pour avoir brandi l'emblème amazigh lors d'une manifestation antirégime. Il s'agit de Messaoud Leftissi, Djaber Aibeche, Bilal Bacha, Khaled Oudihat, Hamza Meharzi, Tahar Safi, Mouloud Chatri, Samir idir Guerroudj, Nacer Timsi, Amine Ould Taleb, Abderrahmane Boudraa, Khaled Ouidir et Makhlouf Bib. Parmi eux, 6 ont été libérés après avoir purgé la peine de 6 mois de prison ferme, alors que 7 autres recouvrent la liberté mais toujours avec 6 mois de sursis, selon la CNLD, association qui regroupe avocats et proches des personnes arrêtées depuis juin dans ou en marge des manifestations hebdomadaires antirégime. Une foule, composée des familles des prisonniers, de militants de parti et de personnes anonymes, les attendait à leur sortie de prison, marquée par des scènes de joie. Accueillis comme des héros, certains d'entre eux ont brandi l'emblème amazigh. A sa sortie de prison, Messaoud Leftissi, militant de la première heure du hirak, a affiché sa détermination à poursuivre la mobilisation pacifique. «On est plus que jamais déterminés (…). Le pouvoir voulait nous gouverner par la division. Nous allons continuer à le combattre par notre union», a-t-il lancé non sans remercier les Algériens pour leur solidarité agissante, alors que d'autres détenus du hirak devraient quitter la prison d'El Harrach la semaine prochaine. Ces ex-détenus ont été interpellés lors de la marche du 21 juin à Alger pour «port du drapeau amazigh», après la consigne donnée par le général Ahmed Gaïd Salah, décédé hier des suites d'une crise cardiaque, de ne tolérer aucun autre drapeau que «l'emblème national» dans les manifestations hebdomadaires contre le pouvoir. Ils ont été poursuivis pour «atteinte à l'unité nationale», un délit pour lequel ils encouraient dix ans d'emprisonnement. Ils ont comparu devant le tribunal de Sidi M'hamed le 22 octobre, le juge a prononcé une peine d'un an prison, dont 6 mois ferme, assortie d'une amende de 30 000 DA. Mi-novembre, le tribunal de Bab El Oued (Alger) avait prononcé la relaxe pour cinq détenus du hirak incarcérés à la maison d'arrêt d'El Harrach pour port de l'emblème amazigh. Il s'agissait de Boudjemil Mohand, Idir Ali, Karoun Hamza, Lekhel Kamel et Okbi Akli, placés en détention préventive depuis le 23 juin dernier. Depuis plusieurs mois, hirak et opposition ne cessent de réclamer des mesures d'apaisement, dont la libération des détenus politiques et d'opinion et la fin de la répression, des revendications rejetées en bloc par le défunt chef d'état-major. Plus de 140 manifestants, militants ou journalistes ont été incarcérés depuis fin juin pour des faits liés au hirak, en détention provisoire ou condamnés à des peines de prison ferme, selon un bilan non exhaustif du CNLD.