Par le biais de son bureau d'Oran, la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l'Homme dénonce dans une déclaration les expulsions effectuées depuis le mois de mai dernier dans certains quartiers de la ville. C'est ainsi que, indique-on samedi, pour signifier le refus à ces expulsions de justice décidées au profit des propriétaires privés, par des domaines (impôts) ou des héritiers de ces immeubles parmi lesquels certains menacent ruine, un groupe de onze familles, représentant une cinquantaine de familles, dont une vingtaine d'enfants en bas âge, résidant à la rue de la mosquée El Aqsa du quartier St Pierre, ont assisté, le 25 mai dernier, à une expulsion musclée. Ils ont vu six de leurs membres, des pères de familles, dont un handicapé, embarqués de force et condamnés à trois mois d'emprisonnement ferme. Dans sa déclaration, les représentants du Bureau d'Oran de la Ligue « dénonce et déplore avec amertume la situation de ces familles qui ne sont même pas autorisées à ériger des tentes ou gîtes de fortune pour se protéger contre les aléas du temps très capricieux ces jours-ci ». Parmi ces deux groupes de familles expulsées récemment, dont l'une est située au quartier de Médioni, avec un nombre de 25 personnes, figurent des personnes handicapées et âgées, dont deux femmes ayant dépassé les 90 ans. Pour se protéger et avoir un brin d'intimité, depuis le 12 juin dernier, malgré les différents contacts de leurs proches avec les autorités locales, ils continuent de squatter le trottoir de la rue Benouada El Houari, se protégeant d'un simple morceau de plastic noir retenu par des planches. Les membres du Bureau de la Ligue, qui étaient accompagnés, samedi, par un groupe de journalistes pour un état des lieux, interpellent les autorités du pays pour respecter, devant de telles situations, la dignité humaine et, surtout, appliquer les textes de la Constitution. Ces textes obligent le droit de réquisition, pour les autorités locales, des logements, au bénéfice de ces citoyens en attendant de statuer sur leur situation ou la création de centres de transit. L'on saura que ces familles expulsées sont victimes d'injustice ou d'une mal interprétation des décisions au moment où le peuple algérien célèbre, en ce mois de juillet, les 48 années du recouvrement de sa souveraineté. A quelques jours de cet anniversaire, plusieurs familles, de condition humble, qui avaient, depuis plus de deux décennies, formulé des demandes de logements, ont été jetées à la rue avec le concours des forces de l'ordre. Des locataires présents déplorent la manière et la méthode utilisées pour les déloger. Certes, a lancé un habitant expulsé du quartier de Médioni, qui a été embarqué et placé en garde à vue durant plusieurs heures à la sûreté urbaine, « ils avaient pour consigne, surtout en présence de l'acquéreur de l'immeuble, de faire évacuer les lieux par la force. Nous ne rejetons pas la décision de justice ; mais nous condamnons la façon utilisée par ces services pour notre expulsion. Nos effets personnels et mobiliers ont été balancés par les fenêtres de l'immeuble. Ces agissements nous renvoient à un passé déjà lointain où 1,5 million de martyrs ont donné leur vie pour que des membres de leurs familles, des parents ou des citoyens de toutes les couches sociales vivent dans une Algérie libre, dans le respect et la dignité. »