La sélection algérienne de football ne fournit plus de spectacle. Le constat est généralisé et approuvé. Aussi bien les spécialistes que le grand public estiment unanimement que les hommes de Rabah Saâdane se contentent de courir derrière le résultat sans pour autant être convaincants en matière de qualité du jeu. Les Verts ont rarement réussi à gratifier leurs fidèles d'un spectacle de haut niveau. En dépit de leur valeur intrinsèque, les joueurs n'arrivent pas, en effet, à s'exprimer lors des rencontres disputées, toutes épreuves confondues. On a l'impression qu'ils jouent « le frein à la main ». Les choix tactiques « excessivement prudents et défensifs » de Rabah Saâdane empêchent les joueurs de traduire leur immense talent sur le rectangle vert. Porté habituellement par instinct en attaque, le coach national a complètement transformé le jeu de l'équipe nationale. Le beau jeu offensif est laissé au vestiaire par une équipe très prudente sur le terrain, incapable de produire du jeu. L'on n'entend parler désormais que des options tactiques défensives genre 3-5-2 et 4-5-1. Des systèmes de jeu conçus juste pour éviter d'encaisser beaucoup de buts tout en espérant un bonus offensif. Malgré cela, l'équipe d'Algérie version Saâdane a cumulé les camouflets contre l'Egypte (4-0), le Malawi, la Serbie et l'Eire sur le même score (3-0). C'est dire que ses choix sont loin d'être judicieux. Le sélectionneur national s'entête toutefois à maintenir sa philosophie du « tout-défensif », faisant fi des appels incessants des spécialistes et des supporters qui l'invitent à adopter un jeu plus offensif. Opposé à tout discours critique, Saâdane ne s'intéresse qu'au renforcement de sa ligne défensive, alors que le travail du compartiment du milieu est limité à la récupération des balles. Au diable l'animation offensive. Conséquence : un Mondial raté à tout point de vue. L'EN, contrairement à ce que laisse croire Saâdane, n'a pas été à la hauteur des aspirations locales et arabes. Elle est bel et bien sortie par la petite porte d'un groupe « jouable ». Outre l'élimination dès le premier tour, les Verts ont « brillé » par leur jeu inoffensif. Ils n'ont pas marqué le moindre but en trois matches disputés. La plus faible performance du Mondial, avec la novice sélection du Honduras. Ainsi, depuis le 23 janvier dernier (victoire sur la Côte d'Ivoire 3-2), l'Algérie n'a marqué qu'un seul but sur penalty face aux Emirats arabes unis, en amical. De quoi se faire du souci pour une sélection invitée à atteindre le cap de la finale lors de la prochaine CAN organisée conjointement par le Gabon et la Guinée équatoriale en 2012. Des joueurs contestent D'ailleurs, des joueurs de l'EN contestent leur entraîneur. Karim Matmour et Yazid Mansouri ont parfaitement résumé la situation. Leur message est : l'équipe nationale n'ira pas loin à cause des choix défensifs du coach. Juste après le Mondial, Matmour avait déclaré : « On a fait trois matches, on n'a pas su marquer une seule fois. On ne pouvait pas espérer mieux. On a trop misé sur la défense. Si on avait joué d'entrée plus offensif, on aurait sans doute fait de meilleurs résultats (…). On n'a jamais réussi à atteindre l'équilibre entre la défense et l'attaque. On ne s'est jamais retrouvés en position de face-à-face avec le gardien. Même un face-à-face avec un défenseur, ça ne m'est jamais arrivé dans cette Coupe du monde. » L'ancien capitaine, Yazid Mansouri, conforte la thèse du pensionnaire de Borussia M'Gladbach, mais en tenant des propos plus virulents à l'encontre de Saâdane. Dans une déclaration à la presse du Qatar, Mansouri a imputé la responsabilité des mauvais résultats enregistrés en Afrique du Sud aux orientations défensives de son entraîneur : « A cause du manque du courage de Saâdane, l'Algérie a été privée d'une qualification au deuxième tour, pourtant à sa portée. » Et si Saâdane persiste dans cette logique défensive, l'équipe risque de décevoir lors des prochaines échéances.