L'audition annoncée du ministre français du Travail, Eric Woerth, par la police dans le cadre du scandale politico-fiscal lié à l'héritière L'Oréal, au moment où le ministre entame la défense de sa réforme des retraites, place sous pression le pouvoir du président Sarkozy. Le Conseil des ministres a donné son feu vert hier à la demande d'audition d'Eric Woerth formulée par le parquet de Nanterre (banlieue parisienne), son épouse Florence a été entendue dans la journée par les enquêteurs. Le ministre devrait être entendu sur des accusations de financement politique illégal, soupçons de trafic d'influence relatif à l'embauche de sa femme et au traitement fiscal de la fortune de l'héritière du géant des cosmétiques, Liliane Bettencourt. Ce nouvel épisode fragilise la position de M. Woerth qui doit défendre devant les députés son impopulaire réforme des retraites, acte majeur de la fin du mandat du président. D'une façon générale, cette affaire affaiblit un gouvernement miné par une succession de scandales ayant mené à la démission de deux ministres, et un président au plus bas dans les sondages, lui-même éclaboussé. Un ministre fidèle, mais… Eric Woerth sera entendu dans le cadre de l'enquête préliminaire sur des enregistrements, selon le parquet. Le ministre, qui a reçu plusieurs fois le soutien présidentiel, a réfuté toutes ces accusations et répété n'avoir « pas de problème de morale ». Cette audition, « c'était ce que je souhaitais », a-t-il réagi en espérant « la transparence ». Les enquêteurs vont se pencher sur l'embauche de sa femme. Dans des enregistrements, le gestionnaire de la fortune de l'héritière, Patrice de Maistre, expliquait en avril avoir engagé Mme Woerth pour « faire plaisir » à son époux. En garde à vue la semaine dernière, il précisait que le ministre lui avait « demandé de recevoir sa femme pour la conseiller sur sa carrière », selon le quotidien Le Monde. Eric Woerth devrait aussi être entendu sur le traitement fiscal de la fortune de la milliardaire à l'époque où il était ministre du Budget et trésorier du parti présidentiel UMP (droite) chargé de recueillir des dons de particuliers. Mme Bettencourt, 87 ans, qui doit être entendue par la police, est suspectée de blanchiment de fraude fiscale via l'île d'Arros aux Seychelles (évaluée à 500 millions d'euros) et deux comptes en Suisse (78 millions d'euros) non déclarés. Un rapport de l'administration fiscale a blanchi le ministre de toute intervention dans ce dossier, mais les policiers mènent leur propre enquête. Enfin, M. Woerth doit être questionné sur des accusations de financement illégal de parti politique.