Le conflit opposant le wali au président de la plus peuplée des communes de la wilaya de Blida a pris fin hier avec la destitution de M. Mellak, un maire qui aura tenu plus de trois mois face aux injonctions de l'administration, refusant fermement d'honorer le paiement de factures jugées, par lui, gonflées et donc fort douteuses. C'est alors qu'a été déclenchée contre lui une opération qui visait finalement à le mettre hors de la présidence de l'APC. Concrètement, les signes évidents de l'issue du conflit privilégiant la destitution se sont manifestés pour la première fois à la mi-mars lorsque 14 élus (tous partis politiques confondus) ont signé le retrait de confiance à M. Mellak. Les 14 signatures étaient insuffisantes parce que le taux des deux tiers requis pour la destitution s'établissait au niveau de 16. La déconvenue de l'administration a dû être grande d'autant plus que sa démarche était de plus en plus connue de l'opinion blidéenne alors qu'apparemment et vu la discrétion qui entourait son action, elle se voulait la plus discrète possible. En effet, il s'avéra donc sans conteste que les autorités pilotaient l'opération ; la réunion pour le retrait de confiance s'étant déroulée au siège de la daïra sous la conduite du chef de cette dernière qui est, rappelons-le, représentant du wali et, au-delà, de l'administration et donc de l'autorité gouvernementale. Cette première tentative pour se débarrasser du maire encombrant ayant échoué, on se rabattit sur le FLN lui-même. La mouhafadha fut appelée à la rescousse. C'est le premier responsable de la kasma de Blida qui conduisit au pas de charge l'opération de retrait de confiance qui devait cette fois voter la fin de mission à l'homme que le FLN avait choisi de présenter aux électeurs blidéens en 2002 lors des élections communales. Le 27 mars, le président de la kasma échoua comme le chef de la daïra. Il revint à la charge le 29. Accusé administrativement (et non pas devant les juridictions) de « mauvaise gestion », le maire fut alors déclaré indigne de confiance et on lui annonça la fin de sa mission malgré quelques soutiens tel celui de la mouhafadha des moudjahidine. Le wali venait enfin d'avoir la tête de M. Mellak qui, faudrait-il le rappeler, a été élu au suffrage universel par la population sur la liste non pas de l'administration qui ne peut pas en avoir, mais sur celle d'un parti politique. Le premier élu du peuple de la commune de Blida (200 000 habitants) a été mis dehors comme un malpropre sans qu'une juridiction ait eu à le juger pour atteinte aux deniers de la commune et de l'Etat ou pour tout autre écart. Le dénouement de cette affaire aura des conséquences nombreuses que seule l'administration (centrale et de wilaya) et le pouvoir politique refuseront de voir en face : on vient de démontrer que les choix populaires (à travers les élections) sont, somme toute, secondaires dans la balance lorsque l'un des plateaux est occupé par la raison d'Etat. Nous sommes, par conséquent, en présence d'une démocratie formelle. Dans un conflit opposant un élu du peuple à un wali, c'est ce dernier qui a toujours raison, même si les faits indiquent le contraire. La justice est piétinée parce que l'on ne laisse pas la possibilité à l'accusé de se défendre. Le discours politique, y compris celui du premier magistrat du pays, confirme ainsi son décalage par rapport à la réalité. Que fait-on, en effet, ici de la lutte contre la corruption à propos de laquelle le Président vient de prendre de nouveaux engagements, devenus aussitôt un axe de travail et de mobilisation pour le gouvernement ? A moins que tout cela ne soit, comme par le passé, tout simplement destiné à la consommation populaire. Le FLN, pour sa part, vient rappeler encore une fois à travers la démarche de la mouhafadha, de la kasma et de certains de ses militants de Blida qu'il n'est pas un véritable parti politique, mais un appareil dont disposent à leur guise les hommes forts du moment.