Au stade où en est la pandémie, il est admis qu'un bon comportement est plus efficace que n'importe quel traitement contre le coronavirus. Alors que le bilan de la pandémie frôle la barre des 60 000 décès dans le monde, dans la wilaya de Boumerdès des milliers de personnes sous-estiment encore le degré de la menace et n'ont rien changé à leurs anciennes habitudes. Certes, les villes de la région se vident à l'heure du couvre-feu, mais les cohues et les regroupements inutiles reprennent dès la levée du jour. «Le Covid-19 se nourrit de nos désordres», tranche les scientifiques. Néanmoins, cette lapalissade contraste avec la réalité quotidienne de la population locale. Bien que critiqué, le confinement partiel est respecté, mais les scènes de bousculade et les longues queues n'ont pas disparu du paysage. Très fréquentés, certains marchés comme celui des Issers, Thénia, El Djemâa (Bordj Menaïel), Chabet El Ameur sont devenus des lieux propices à la propagation du virus tant les règles de distanciation sociale sont ignorées par de larges pans de la population. A Naciria, la place Matoub Lounès a replacé les cafés. Certains s'y regroupent encore comme si de rien n'était tandis que d'autres préfèrent s'adosser les uns près des autres au mur pour profiter des tendres rayons du soleil. Même les commerçants, notamment les tenants des grandes supérettes, sont dépassés face à la frénésie d'achat qui s'est emparée des consommateurs. A Souk El Had, des affiches collées à l'entrée d'une supérette invitent les gens à entrer au magasin à tour de rôle. En vain. Parfois, il est difficile de se frayer un chemin à l'intérieur. Ici rares sont ceux qui portent des masques pourtant très recommandés pour se protéger et éviter de contaminer autrui. Dans cette localité comme partout ailleurs, c'est la pénurie de semoule et du lait qui domine les discussions. Malgré la forte demande du lait en sachet, les quantités de production sont restées telles quelles. «L'Onalait de Boudouaou produit 250 000 litres/j, alors que l'unité de Rouiba à elle seule pourrait en produire 400 000 l/j. On livre même pour M'sila, Bouira et Blida. La pénurie s'est aggravée aussi par le manque de distributeurs. Il y en a 80 et ont droit à un seul chargement par jour, alors qu'il y a ceux qui peuvent en faire jusqu'à trois», souligne un employé de la laiterie. Selon lui, la crise a été amplifiée par la fièvre acheteuse des consommateurs. «A titre d'exemple, la commune de Souk El Had (7000 habitants) obtient une moyenne de 2750 sachets par jour, dont 100 sachets sont distribués par Coprolait, mais la tension reste toujours de mise. Pourtant, cette quantité représente quatre fois plus que le ratio défini par l'Onil qui, lui, est limité à 700 litres/jour», explique-t-il. Malgré les risques de contamination au Covid-19, nombreux sont ceux qui se bousculent devant les épiciers de la localité pour s'en approvisionner. Pendant que ces derniers jouent aux coudes dans les files d'attente, d'autres citoyens continuent leur travail de bénévolat et à confectionner les moyens de protection aux personnels soignants.