Le lait pasteurisé en sachet est devenu, ces derniers jours, une denrée rare dans toutes les localités de la wilaya de Tizi Ouzou. D'est en ouest, du nord au sud, ce produit est vendu aux consommateurs sous le manteau. "Cela nous rappelle les grandes pénuries d'autrefois. Il faut se lever très tôt et faire la queue devant l'épicerie du coin. À l'arrivée du distributeur, c'est une véritable cohue. Dépassé par la foule, l'épicier fait alors rentrer les caisses dans son échoppe. Puis tout le monde est alors résigné et se disperse en colère", nous confie un consommateur, après avoir fait la queue devant un magasin d'alimentation générale à Boghni. D'autres citoyens affirment que dans chaque quartier de la ville et d'ailleurs, ce produit n'est servi qu'aux clients du coin. "Si par le passé, le distributeur nous servait jusqu'à deux cents cinquante sachets par jour, aujourd'hui ce quota est réduit au quart. Et encore, c'est deux fois par semaine. Je n'arrive même pas à satisfaire la moitié de mes clients. En tout cas, je pense qu'il vaut mieux arrêter la vente de ce produit que de subir des pressions et des insultes au quotidien", juge de son côté ce laitier de Draâ El-Mizan. Même à Draâ Ben Khedda où est implantée la grande laiterie privée qui appartenait jadis à l'ex-Onalait et qui approvisionne pratiquement toutes les régions de la wilaya, c'est le même spectacle fait de disputes, d'injures et de dérapages qui s'offre aux yeux des passants. De leur côté, les consommateurs ne comprennent pas les dessous d'une telle pénurie. Pour certains, c'est la laiterie de Draâ Ben Khedda qui a réduit sa production journalière, alors que d'autres pensent que c'est un acte délibéré afin que le lait en pack soit écoulé à la place de celui subventionné par l'Etat. "Est-ce qu'un père de famille déjà laminé par toutes les autres augmentations peut se permettre le lait à 80 DA le litre, voire plus ? Si les pouvoirs publics jugent que cette poudre est détournée par les producteurs pour l'utiliser dans d'autres produits laitiers tels que le fromage et le yaourt, pourquoi ne sanctionnent-ils pas les contrevenants ? En tout cas, dans toute cette situation regrettable, ce sont les pauvres consommateurs qui en paient les frais", estime de son côté un consommateur abordé devant une épicerie à Draâ Ben Khedda. Il faut souligner que même si les quotas réduits de lait en sachet se perpétuent désormais chez les revendeurs, il est malheureux de constater que ces derniers recourent au marché noir en refilant cette denrée rare à raison de 35 DA le sachet d'un litre, voire même un peu plus dans les villages les plus reculés de la wilaya qui ne sont pas desservis par les distributeurs agréés. Enfin, l'on croit savoir que la quantité de poudre de lait servie, depuis quelque temps, à la laiterie de Draâ Ben Khedda, par exemple, aurait été réduite de 30% par les pouvoirs publics. O. Ghilès