Des voyageurs algériens de passage en France pour différentes raisons ont manifesté devant l'ambassade de leur pays à Paris, samedi dernier, pour demander d'être rapatriés en Algérie. Le développement du virus et la fermeture des frontières ont fait qu'ils se retrouvent bloqués sans ressources et loin de leurs familles et de leurs enfants. Nombre d'entre eux se sont retrouvés avec rien dans les poches, errant dans les rues de Paris ou prenant des bus toute la journée pour tuer le temps avant de rentrer dormir chez un parent ou une connaissance. Une situation qui perdure depuis environ 5 mois et que les autorités algériennes n'arrivent pas à régler, malgré les promesses de l'Etat de faire en sorte que tous ceux qui sont bloqués dans le monde puissent revenir dans leur pays. Excédée, une étudiante n'arrive pas à contenir sa colère. «Ma mère est bloquée avec moi. Nous vivons ensemble dans un studio de 10 m2. Ce n'est pas possible. Elle a laissé mon père, mon frère et son travail. C'est juste insupportable et impossible à continuer ainsi», a-t-elle déclaré à France 24, qui a couvert le rassemblement. Une autre femme ajoute : «Je n'ai pas de double nationalité. Mon pays, c'est l'Algérie. Et je veux rentrer chez moi. J'ai laissé mes enfants et mon mari malades.» Une troisième abonde dans le même sens : «Il y a beaucoup de familles qui pensent qu'on est correctement logés en France. Mais pour les trois quarts, non, ce n'est pas vrai. Il y a ceux qui passent leurs journées dans les bus et le soir ils rentrent juste pour dormir, histoire de ne pas être un fardeau pour les personnes qui les hébergent.» Elle poursuit : «J'ai vu une dame qui pleurait dans un parc. Elle passe sa journée dans le parc et attend le soir pour rentrer. On n'est plus dans la crise de la Covid-19, pour nous, elle est dépassée.» Depuis l'imposition du confinement en France en mars dernier, près de 5000 Algériens, venus pour diverses raisons, sont bloqués dans l'hexagone sans possibilité de retourner au pays. Si lors des premiers jours du confinement ils ont pu trouver de l'aide auprès de leurs familles ou même de proches ou d'amis, ce n'est plus le cas maintenant. Sans ressources et sans toit, certains errent de rue en rue en attendant de trouver une solution. Un homme qui dort depuis plusieurs mois dehors pleure en public : «J'ai 42 ans, c'est la première fois que je pleure ainsi. Je pense à mes enfants. Mon travail est stoppé. Je vis dans l'angoisse et le stress.» Enfin, une autre Algérienne se demande «pourquoi le gouvernement algérien n'envoie pas ses avions pour rapatrier ses ressortissants qui sont dans un état lamentable. Jusqu'à quand ça va durer ? On n'en peut plus».Certes, Air Algérie opère des vols depuis Paris, mais s'inscrire pour faire partie des voyageurs relève du parcours du combattant.