Des remaniements et des interrogations ! A un mois et demi du référendum populaire autour du projet de révision de la Constitution, le président Abdelmadjid Tebboune multiplie les changements au niveau de l'encadrement de l'administration locale et régionale. Ce lundi, il a opéré un vaste mouvement dans le corps des chefs de daïra et celui des tribunaux administratifs. Ce mouvement intervient après les changements effectués, il y a deux semaines, à la tête des wilayas, avec le limogeage de huit walis et six walis délégués et la nomination de 17 nouveaux walis et 14 nouveaux walis délégués. Les changements de ce lundi ont touché 368 responsables de daïra. Il a été ainsi mis fin aux fonctions de 127 chefs de daïra, on a promu 131 nouveaux chefs de daïra et muté 110 autres. Le communiqué laconique de la présidence de la République livre l'information sans donner de détails ni d'explications sur les raisons d'une telle opération. Pour certains observateurs, ces changements ont un lien avec le référendum populaire du 1er novembre prochain. Il est clair que le pouvoir veut baliser le terrain pour le bon déroulement de cet événement, qu'il qualifie d'«historique». Mais pour d'autres, ces changements étaient prévisibles et même très attendus et dictés par les entraves, à leur tête la bureaucratie, la corruption et la négligence, dont s'est plaint le président Tebboune et qui bloquent les réformes qu'il a engagées. D'ailleurs, lors de la rencontre gouvernement-walis, le Premier ministre a mis en cause le système de gouvernance et plaidé pour une rupture totale avec l'ancienne administration qui a conduit, avait-il dit, à de graves et inacceptables dérives. M. Djerad, chiffres à l'appui, s'est offusqué de constater que 85% des décisions et orientations émises par le président de la République n'ont pas réellement été appliquées, mettant en cause, entre autres, des bureaucrates qui empêchent leur concrétisation. S'il avait dit comprendre que les collectivités locales puissent être confrontées à des difficultés financières «objectives», ou à des situations exceptionnelles imposées par la crise sanitaire, le Premier ministre avait insisté, néanmoins, sur l'impératif d'atteindre un taux plus important d'exécution du programme présidentiel avant la fin 2020. Il compte sur la mise en place d'un suivi quotidien des décisions, pour espérer «peut-être» atteindre un taux d'exécution «acceptable» de l'ordre de 60 à 70%. Le pouvoir table pour y arriver sur une lutte à tous les niveaux contre les corrompus et les bureaucrates qui existent, avait soutenu M. Djerad, à différents niveaux dans les institutions au sein de l'administration et au niveau local. C'est donc dans cette perspective que s'inscrit ce vaste changement à l'échelle des daïras. M. Tebboune veut opérer un «toilettage» pour se débarrasser des entraves bureaucratiques qui ralentissent ses projets, et ce, dans une conjoncture difficile, où les Algériens n'ont pas encore perçu les changements promis ! Par ailleurs, notons qu'un autre mouvement aussi important et partiel a touché le corps des présidents des tribunaux administratifs et des commissaires d'Etat près les tribunaux administratifs. M. Tebboune a nommé 7 nouveaux présidents de tribunaux administratifs, muté 6 et mis fin aux fonctions de 6 autres. En second lieu, il a nommé 5 nouveaux commissaires d'Etat près les tribunaux administratifs, muté 11 et mis fin aux fonctions de 2 autres.