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Abdallah Zekri. Président de l'Observatoire de lutte contre l'islamophobie : «La lutte pour le vivre-ensemble est une bataille de tous les instants»
Publié dans El Watan le 10 - 10 - 2020

-Vous faites partie des personnalités du culte musulman consultées dans le cadre du projet de loi sur les séparatismes en France. Où en est le texte de loi en préparation ?
Le ministre de l'Intérieur a reçu une délégation de la Mosquée de Paris, dont j'ai effectivement fait partie. Gérald Darmanin a fait preuve d'une grande écoute lors de nos entretiens. J'ai personnellement fait part de ma crainte que ce nouveau concept qui a remplacé le communautarisme soit dévié pour devenir un parti pris dépréciatif de la religion musulmane par des cercles connus pour leur animosité viscérale envers l'islam. Le projet de loi sur les séparatismes est censé, dans son essence, mettre les lois de la République au-dessus des convictions religieuses, quelles qu'elles soient. De ce point de vue, j'adhère évidemment totalement à cette démarche, à condition qu'il en soit fait un lieu d'analyse avec le recul nécessaire pour éviter qu'elle glisse vers une islamophobie qui ne dit pas son nom. Comme j'adhère, du reste, à la lutte contre l'islam politique et l'islam radical.
-Qu'est-ce qui a poussé le président français à faire de cette question des séparatismes une priorité, alors que le monde fait face à une crise sanitaire qui ne semble toujours pas maîtrisée ?
La lutte pour le vivre-ensemble est une bataille de tous les instants. Qui plus est lorsque la cohésion sociale s'avère de plus en plus menacée par des groupuscules extrémistes de tout bord et que rien n'arrête, pas même la crise sanitaire mondiale qui repart de plus belle. Le président Macron a fixé le niveau d'ambition et il appartient aux acteurs influents d'être à la hauteur des enjeux, d'autant que beaucoup reste à faire en matière d'intégration, d'un côté, et de tolérance, de l'autre. On constate, en effet, qu'une dichotomie était en train de se produire subrepticement dans la société française sans qu'elle n'ait été suffisamment prise au sérieux. Il était donc grand temps pour les autorités françaises d'envoyer un signal fort pour tenter d'engranger des avancées sur la base d'outils juridiques nouveaux. La sauvegarde du vivre-ensemble est une urgence sociétale qui ne peut être différée pour quelque raison que ce soit.
-Le projet de loi sur les séparatismes ne cible-t-il pas quelque part exclusivement la communauté musulmane ?
J'ai soulevé à mes interlocuteurs le problème de l'ambiguïté que revêt le mot «séparatisme», car, ai-je expliqué, il n'est pas question de se séparer de l'Etat, mais de combattre par la force de la loi tous les comportements déviants qui menacent l'ensemble des Français et des communautés établies en France. Cette loi, une fois votée, devra, au contraire, protéger l'écrasante majorité des citoyens pour lesquels la conviction religieuse individuelle ne peut pas et ne doit pas primer les principes de la République. Il est clair, cela dit, que l'islam radical est une des composantes qui font partie du large faisceau de doctrines liberticides à annihiler en se fondant uniquement sur les lois. Et c'est dans cette optique que nous participons à l'élaboration de ce texte que le Parlement devra discuter au premier semestre 2021 après que les différents intervenants auront donné leur avis au préalable. Nous allons recevoir la première mouture le 15 octobre courant. Nous en saurons alors plus et pourrons apporter notre critique de façon objective.
-Y a-t-il, selon vous, un ascendant d'une religion sur une autre ? Autrement dit, des responsables d'une confession auront-ils plus de poids que d'autres ?
Non. Lors des échanges avec le ministre de l'Intérieur, j'ai pu percevoir une volonté sincère de mettre sur un pied d'égalité toutes les confessions en France, l'islam, comme tout le monde le sait, étant la deuxième plus grande religion en France. J'ai noté, chez Gérald Darmanin, une certaine vigilance quant à la nécessité d'expliquer l'esprit du texte en cours d'élaboration avec le concours de tous les acteurs concernés. L'objectif est, justement, de faire en sorte que la quintessence du projet de loi soit préservée et consolidée pour qu'aucune fausse interprétation ou mauvaise lecture en soit faite. Il faut, à mon avis, mettre la loi à l'équerre avec le besoin exprimé par l'ensemble des communautés de réaliser des avancées rapides dans la cimentation de la société face aux périls menaçants, notamment avec la montée des extrémismes. Et quand je dis extrémismes, je ne parle pas seulement de l'intégrisme islamiste, loin s'en faut. Le grand danger aujourd'hui vient aussi de l'exacerbation de l'ultranationalisme en Europe, et la France n'est pas épargnée.
-Justement, comment l'extrême droite française réagit-elle à cette loi en gestation ?
L'extrême droite se soucie peu des lois et des règles. Elle est l'autre face d'une même pièce que l'intégrisme islamiste. Et les extrêmes se rejoignant, la France est prise en étau entre ces deux phénomènes violents qui, malheureusement, se sont nourris mutuellement et ont gagné du terrain au fil des années. Tout le monde aura constaté la recrudescence des actes antimusulmans ces derniers mois. Des mosquées sont profanées, des dirigeants du culte musulman insultés et menacés, des messages haineux et racistes foisonnent sur les réseaux sociaux, des personnalités politiques affichent leur islamophobie et leur xénophobie ouvertement dans les médias qui leur offrent l'opportunité de distiller leur venin, etc. La loi sur les séparatismes devra aussi et surtout servir à freiner cette montée inquiétante des identitaires qui finiront, je le crains fort, par passer à l'action d'une façon plus large à l'avenir. Il faut donc pousser les murs de la dissuasion légale de ces mouvances radicales qui recèlent un réservoir de potentiels activistes capables de basculer vers une violence à grande échelle dans les années à venir.
-La situation en France est-elle à ce point grave ?
Je ne dis pas que la situation est à ce point grave, mais je n'en tire pas moins la sonnette d'alarme. La ghettoïsation des cités de banlieues qui dure depuis plus d'un demi-siècle appelle désormais une nouvelle approche décisive. Si les choses sont prises en main rapidement, il ne pourrait pas y avoir un échec, il ne pourrait y avoir qu'une victoire sur ce communautarisme qui doit être jugulé, à condition d'ajuster le tir et de parfaire l'arsenal législatif. Le travail a été entamé. Il faudra maintenant l'accompagner jusqu'à l'adoption de la loi dont nous défrichons quelques arpents au stade précoce actuel et faire en sorte que son application soit vigoureuse. Il y a une ambition de fermeté perceptible chez les autorités politiques face à la montée fulgurante de tous ces extrémismes que j'ai évoqués tantôt.
-On sent des frictions entre les différentes institutions représentant l'islam en France. Qu'en est-il ?
Je ne parlerais pas de frictions, mais, peut-être, d'un éparpillement – si je puis m'exprimer ainsi. La communauté musulmane de France a besoin d'être représentée par des hommes réputés pour leur vaste culture, leur érudition théologique et leurs qualités d'hommes de tact et d'entregent. Une synergie doit être créée pour garantir une conjugaison des efforts conduisant à des résultats probants pour mieux défendre la communauté musulmane et l'islam du juste milieu, en général. Cet effort commun nous invite à nous élever au-dessus des calculs étroits et à bannir le culte du «je». Nous devons nous mettre à l'esprit le but de nous unir contre ceux qui dégradent les préceptes de l'islam et que nous ne laissions pas la moindre ouverture par où ceux qui dévoient l'islam ou ceux qui lui vouent haine et intolérance pourraient mener leurs malveillantes entreprises.
Propos recueillis par Mokrane Aït Ouarabi
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