Plus de 24 millions d'électeurs sont appelés aux urnes aujourd'hui pour se prononcer, par référendum, sur le projet d'amendement de la Constitution dans un contexte particulier marqué par la propagation de la pandémie de Covid-19. Compte tenu de la crise sanitaire, l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a élaboré un protocole sanitaire spécial pour le référendum pour prévenir les risques de propagation de l'épidémie. La révision constitutionnelle est conçue pour octroyer une nouvelle légitimité au pouvoir en place. Jour «J». Le scrutin référendaire sur le projet de révision constitutionnelle aura lieu aujourd'hui à travers le territoire national. Déjà entamée il y a quelques jours au niveau des bureaux itinérants et à l'étranger, l'opération de vote intervient dans un contexte particulier. Outre la propagation alarmante des cas de Covid-19 dans le pays, le scrutin se déroule en l'absence de son principal promoteur, le président Abdelmadjid Tebboune, transféré, mercredi dernier, vers un hôpital militaire en Allemagne «pour des examens médicaux approfondis». Le chef de l'Etat, qui a raté ainsi l'inauguration du projet de la Grande Mosquée d'Alger, manquera aussi le référendum sur la révision de la Constitution, considéré comme étant son premier et principal chantier politique. Cette échéance se déroulera aussi dans un contexte politique qui ne diffère pas de celui de la présidentielle du 12 décembre 2019 : absence d'un minimum de consensus autour de la démarche entreprise par le pouvoir. Rien n'a changé ou presque depuis près d'une année. La confiance n'est pas rétablie et le pouvoir qui met en avant sa volonté de satisfaire les revendications du «hirak originel béni» – qui est une notion étrange – peine à convaincre en dehors du cercle de sa clientèle habituelle. Désaffection populaire Cela s'est confirmé durant la dernière campagne référendaire. Pendant 25 jours, les membres du gouvernement, les chefs des partis et des organisations proches du pouvoir ont donné l'impression de prêcher dans le désert. La désaffection populaire était à son paroxysme. En dehors des participants aux meetings, en majorité des fonctionnaires obligés d'assister à ces rencontres et de quelques militants de partis gravitant autour du pouvoir, cette campagne électorale, de l'avis de plusieurs observateurs de la scène nationale, s'est déroulée sans le public. Elle ne trouve d'ailleurs aucun prolongement dans la société où le débat sur le contenu du projet est rare. Seuls les initiés émettent des avis sur la démarche dans sa globalité pour, en général, la critiquer. Malgré le black-out médiatique et le sens unique imposé, les citoyens qui font désormais preuve d'un éveil politique se montrent désintéressés par cette joute qui ne fera, selon eux, que reproduire le même statu quo contre lequel les Algériens sont descendus dans la rue le 22 février 2019. Qui prendra donc part à ce référendum ? Le taux de participation sera-t-il plus élevé que celui enregistré lors de la dernière présidentielle ? Les islamistes en embuscade Le projet sera-t-il adopté avec une majorité suffisante de votants ? Outre les participants par habitude à toutes les joutes politiques, cette fois-ci les partis islamistes appellent, eux aussi, à «faire tomber le projet de la Constitution par les urnes», invitant ainsi leurs partisans à envahir les bureaux de vote. Ces derniers ont été cependant empêchés de mener campagne pour expliquer leurs positions à leurs sympathisants. Du côté du courant démocratique, les appels au boycott de ce rendez-vous se sont multipliés depuis quelques jours. Exigeant une véritable transition, les partis et organisations se réclamant de cette mouvance invitent les électeurs à disqualifier le régime et sa feuille de route en boudant, comme en décembre 2019, les urnes. Sur les réseaux sociaux, des internautes ont lancé aussi, depuis jeudi, la campagne «Moi, je ne vote pas». Les résultats de cette joute restent ainsi incertains. Ses conséquences politiques aussi... Advertisements