Malgré le récent changement opéré à la tête des structures du secteur des ressources en eau, le département de Berraki est loin d'être épargné des protestations de la population de Souk Ahras. Rachid Merred, le conseiller de la présidence chargé des zones d'ombre, récemment en visite de travail à Souk Ahras, a eu à constater l'acuité avec laquelle est posé le problème de l'alimentation en eau potable à travers la wilaya. Le même conseiller et le wali ont qualifié ce type de doléances de légitimes et de prioritaires. Les deux responsables ont rassuré les habitants des régions visitées et promis d'œuvrer pour la mise en place des solutions dans les meilleurs délais. «Quand je rencontre un habitant de la zone frontalière qui se contente d'un rationnement d'un jour sur trente, je me dis que nous sommes devant une population qui fait preuve d'une patience extrême», a martelé maintes fois le wali de Souk Ahras. Le même mois, une commission d'enquête a été dépêchée depuis le ministère aux fins de s'enquérir de la situation du secteur et étudier avec les autorités locales les mesures d'urgence à adopter, notamment pour ce qui est du volet distribution. Habitants des zones éparses et des grandes agglomérations, élus locaux, clients de l'Algérienne des eaux (ADE), entrepreneurs et partenaires parmi les responsables sectoriels font partie du lot des mécontents. Un élu de l'APW rencontré en marge d'une récente séance de travail tenue au cabinet du wali y voit «un secteur en léthargie, bridée par des méthodes de fonctionnement surannées et des responsables recyclés au gré des allégeances», selon sa propre vision des choses. Les élus de la même assemblée, présents devant ladite commission d'enquête, attendent ses résultats et se disent sceptiques par rapport aux décisions attendues. «Nous avons des appréhensions qui trouvent raison dans ce positivisme ambiant et cet esprit de corps qui caractérise quelques-unes de nos entreprises publiques dont l'ADE», a expliqué l'un des membres de l'APW. Smaïl Amirouche, le directeur général de l'Algérienne des eaux et le directeur central de l'AEP Abdelaziz Lardjoum ont été témoins, de leur côté, de constats accablants apportés par les mêmes élus. Mohamed Bouazza a expliqué dans une intervention de plus de vingt minutes devant les deux émissaires la gravité de la situation. «Depuis plusieurs années, ce sont les mêmes bilans et les mêmes promesses repris lors des rencontres officielles au moment même où les habitants des zones rurales, voire ceux des grandes agglomérations vivent le calvaire», a-t-il lancé. La gestion de l'ADE critiquée Pour Djamel Mellouki, membre de la même assemblée, la situation de la gestion des eaux à travers la wilaya est aux antipodes avec tout ce que déclarent les responsables de l'ADE, une entreprise publique qu'il croit condamnable sans appel au vu des carences multiples et de son dédain affiché au grand jour devant les populations des zones rurales. «Je vous invite à venir visiter non pas les zones éparses, mais les agglomérations les plus importantes de la bande frontalière à l'exemple de Sidi Fredj et de Ouled Moumen ou Lakhdara et vous constaterez vous-mêmes que la gestion de l'ADE y est chaotique», a-t-il déclaré. Abdallah Herraoubia, le P/APW abondera dans le même sens pour déclarer ceci : «Toutes nos visites sont enregistrées et nous avons prévu pour tout demandeur des images affligeantes à l'instar de ces familles qui partagent des abreuvoirs avec les animaux et d'autres qui expliquent l'idée que se font les responsables de l'ADE de ces Algériens à part entière». Et de clore son intervention par la phrase suivante : «Si l'on vient en tournée touristique ou pour valider l'erreur, l'on est loin de nos objectifs.» Le directeur général de l'ADE voit la situation autrement. Voici une partie de son intervention : «Les communes de Mechroha, Ain Zana et Ouled Driss sont les plus affectées par le problème de l'alimentation en eau potable et ces mêmes circonscriptions font partie des préoccupations de l'ADE comme ce fut le cas pour les autres agglomérations, notamment le chef-lieu qui a connu une évolution certaine dans ce chapitre de la gestion.» Il parlera de contraintes et citera à titre illustratif le prix de l'unité de l'eau qu'il croit inférieur aux besoins de l'ADE de recouvrement au moment où ses créances sont estimées à 55 milliards de dinars. Il a affiché, toutefois, un optimisme à l'égard des gestionnaires locaux de l'entreprise qui ne compte, selon lui, que des compétences et c'est à ses moyens humains et matériels qu'elle est capable de relever tous les défis, dont celui de résoudre les problèmes posés. Des responsables très au fait du dossier du secteur des ressources en eau croient que c'est justement dans la gestion des ressources humaines où réside le mal. «Si la DRE fonctionne depuis des années sans hydrauliciens et autres techniciens dans le domaine, l'ADE compte près de 180 cadres gestionnaires tous centralisés au chef-lieu de la wilaya avec un nombre impressionnant de secrétaires, ses 30 équipes d'entretien et de maintenance se trouvent réduites depuis l'année 2004 à seulement trois équipes, ses unités périphériques font appel à des employés du filet social et la désignation aux postes de responsabilité n'est pas au firmament de la transparence», a déclaré l'un d'eux. Il sera conforté dans ses propos par d'autres élus de l'APW qui ont révélé à El Watan l'existence de responsables déchus et reconduits au gré des affinités extra professionnelles, d'autres encore qui sont diplômés des hautes écoles font fonction de bureaucrates. La DRE fait le point Côté direction des ressources en eau, H. Benouareth, le directeur de wilaya par intérim a longuement expliqué le fonctionnement du secteur par rapport à ses réalisations et ses contraintes. «L'alimentation en eau potable à Souk Ahras est gérée selon la spécificité de chaque région et l'on est déjà sûr que malgré les difficultés nous sommes déjà loin de l'année 2002 où la situation était dramatique. Avec 111 forages opérationnels, la couverture de la majorité des grandes agglomérations et le débit assuré par le barrage d'Ain Dalia qui présente une moyenne de prélèvement quotidien de 72 millions de mètres cubes m3, l'achèvement du barrage de Oued Charef, et autres projets prometteurs, nous pouvons d'ores et déjà parler de maîtrise de la situation s'agissant du volet réalisations», a-t-il indiqué lors d'une récente rencontre. Des techniciens du secteur abonderont dans le même sens pour affirmer que l'eau existe et que les solutions se trouvent dans l'harmonisation de la distribution par rapport aux issues de crise préconisées par les connaisseurs du secteur. «Citons, à titre d'exemple, les communes de la bande frontalière que l'on classe à tort comme zone aride. Il suffit pourtant d'une interconnexion depuis la source de Bir Louhichi ou de la mise en activité des deux stations de dessalement pour qu'une commune comme celle de Sidi Fredj puisse avoir de l'eau en abondance, zones éparses comprises», a fait savoir l'un d'eux. Selon ces mêmes techniciens, pour les communes de Aïn Zana, Mechroha et Ouled Driss, le projet du transfert des eaux depuis la wilaya d'El Tarf a été torpillé au profit d'une autre région pour cause de marchés prometteurs. «Pour la sphère sud de la wilaya et dans une quête d'alléger la demande sur le barrage d'Ain Dalia qui assure l'alimentation des wilayas de Tébessa et Oum El Bouaghi, nous préconisons le recours au transfert des eaux depuis les nappes phréatiques de Oued Souf, wilaya affectée par la remontée des eaux sinon le recours au barrage de Beni Haroun pour la wilaya d'Oum El Bouaghi», a-t-on soutenu. Pour le chef-lieu et malgré le calme apparent, les risques des perturbations sont présents à cause des mauvaises prévisions. Dans ce même ordre d'idées, le manque de professionnalisme est déploré, notamment pour ce qui est de la mise en application d'une étude réalisée entre les années 2007 et 2009 de la part d'un bureau d'études spécialisé d'envergure internationale. Des détails sur le diagnostic et le plan de fonctionnement n'ont pas encore été exploités. En zones éparses comme aux grandes concentrations urbaines, la protestation est encore perceptible.
BARRAGE D'OUED CHAREF, UN OUVRAGE QUI NE DONNE PAS D'EAU Pour la daïra de Sedrata et plusieurs autres communes de la partie sud de la wilaya de Souk Ahras, le barrage d'Oued Charef, un projet achevé depuis plusieurs mois et qui n'est pas encore opérationnel, aucune explication ne semble convaincre les habitants de ces localités. «Nous souhaitons être mis au courant des causes de ces éternels atermoiements qui accompagnent l'exploitation de l'eau à partir de cette réalisation pour laquelle nous cultivions des années durant un optimisme sans égal», a lancé un fonctionnaire de Sedrata lors d'une rencontre avec les autorités locales. D'un montant de 237 milliards de centimes, le barrage devait assurer l'AEP pour plusieurs communes, dont Sedrata. On parla surtout d'agriculteurs qui auraient affiché une opposition au passage des conduites sur des terres relevant de quelques coopératives agricoles. Lesdits agriculteurs mécontents auraient demandé un dédommagement en lieu et place de l'Etat puisque les protestataires n'en sont pas propriétaires. «Combien de temps faudrait-il attendre pour se prononcer sur cette affaire ?», s'est demandé un fermier de la commune de Zouabi qui, lui, penche vers une autre version des faits qui a trait à des défaillances dans les équipements et qui auraient fait l'objet de réserves de la part d'une importante société publique exerçant en partenariat avec le secteur des eaux.
Echos Deux directeurs pour une direction Il y a quelques jours, un directeur de wilaya par intérim des ressources en eau (DRE) a été chargé de la gestion des affaires du secteur, et ce sur proposition du wali et après avis de la tutelle. À quelques jours d'intervalle, le ministère des Ressources en eau désigne un autre cadre pour la même tâche. Cette sidérante affaire n'a pas manqué de susciter moult questions au sein de l'opinion publique et des employés du secteur tous grades et fonctions confondus. Au moment même où nous rédigeons ce papier, le problème aurait été résolu. Report à deux reprises de la visite du ministre Selon le wali de Souk Ahras, la visite du ministre des Ressources en eau a été programmée et ensuite reportée à deux reprises, et ce à cause d'un calendrier chargé et plusieurs autres charges du secteur. La commission d'enquête dépêchée par ses soins à Souk Ahras n'augure pas son passage dans cette wilaya où l'on parle de problèmes récurrents. Ladite commission estime que le premier responsable de ce département est au courant de tous ces problèmes. Advertisements