A l'échelle continentale, les pronostics en termes relatifs ne prêteraient guère à l'optimisme. Les données de nombre d'institutions spécialisées du système des Nations unies ou d'Organisations régionales ne semblent pas être, globalement, plus rassurants pour toute l'Afrique. Il en est ainsi de l'Organisation anti-pauvreté ONE et la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA) qui s'inquiètent de la sensible décrue que pourraient connaître les envois de fonds de la diaspora africaine forte de 36 millions sur une population de 1,2 milliard d'habitants (statistiques 2017) vers le pays d'origine, alors que le continent a, aujourd'hui plus que jamais, besoin des fonds internationaux de ses enfants travaillant à l'étranger. En effet, les deux institutions prédisent dans un rapport conjoint : «Préserver les envois de fonds à l'époque de la Covid-19», une régression notable des envois cette année ; les 85 milliards de dollars captés en 2019, pourraient être amputés en 2020, de pas moins de 18 milliards de dollars. Contre-performance que les experts des deux organisations imputent essentiellement à l'impact et ses prolongements de la pandémie de la Covid-19. «En Afrique, une personne sur cinq effectue ou reçoit des envois de fonds internationaux. La Covid-19 a gravement affecté les envois de fonds vers le continent qui seront revus à la baisse de 21% en 2020, soit 18 milliards de dollars de moins pour les personnes qui en dépendent», déplore, en effet, la division de l'intégration régionale et du commerce de la CEA. Les effets immédiats et à venir de la crise sanitaire sont, à ce titre, susceptibles de mettre un coup de frein sec à la tendance haussière des fonds envoyés vers l'Afrique, observée les dix dernières années, passant presque au double depuis 2009, les arrivées des devises étrangères au continent pèsent plus de 5% du PIB dans au moins une quinzaine de pays (19% en Côte d'Ivoire, 13% au Rwanda, 9% en Afrique du Sud...). En somme, hors flux intercontinentaux et transferts informels qui sont estimés à 60 milliards de dollars, l'argent envoyé par la diaspora africaine est d'un apport avéré pour le développement. Dans certains pays africains, ces envois sont devenus, au cours de la dernière décennie, la deuxième source de financement extérieur, dépassant parfois le volume de l'aide publique formelle (APD) et les flux d'Investissements directs étrangers (IDE). Mieux, la migration intra-africaine peut, à elle seule, propulser le PIB par habitant de l'Afrique de 2008 dollars actuels, en moyenne, à 3249 dollars en 2030. Aussi, selon les estimations de la Banque africaine de développement (BAD), grâce aux transferts d'argent des membres de la diaspora, les fonds susceptibles d'être levés par les pays africains pourraient atteindre 5 à 10 milliards de dollars par an. Toutefois, un handicap majeur empêche de faire mieux. Les coûts des transferts se pratiquant à destination et à l'intérieur du continent étant toujours les plus élevés au monde. Ces frais coûtent au migrant africain plus de 15% contre moins de 1% pour son semblable européen, presque l'équivalent de 20 dollars sur 200 dollars de retenus sur chaque transfert effectué par chaque Africain vers son pays d'origine. Advertisements