Blessées lors des manifestations du hirak, les victimes, une douzaine, ont perdu l'usage d'un œil. Ils réclament la reconnaissance par l'Etat de leur invalidité et une prise en charge «immédiate» de leurs blessures. Les manifestants blessés lors du hirak sont dans le désarroi. Les victimes, éborgnées lors des manifestations, souffrent de l'absence d'une reconnaissance par l'Etat de leur invalidité et d'une prise en charge «immédiate» de leurs blessures. «Nous sommes désemparés. Pour nous faire opérer en Algérie, nous n'avions pas trouvé une clinique à cause de la pandémie due à la Covid. Nous avons pu avoir des rendez-vous pour des interventions dans des cliniques en France et en Espagne, mais le problème des visas s'est posé pour nous. Moi, personnellement, j'ai eu un refus de visa. Et même pour aller en Tunisie, les frontières sont fermées. Nos cas s'aggravent. Les médecins nous ont dit que si nous ne subissons as une opération dans l'immédiat, la structure de l'œil sera irrémédiablement perdue. Une prothèse sera alors difficile à placer», s'alarme Anis Meziane, étudiant âgé de 22 ans, qui a perdu l'usage de son œil gauche. Blessées lors des manifestations contre l'élection présidentielle du 12 décembre 2020, les victimes, originaires des wilayas de Bouira, Boumerdès, Tizi Ouzou et Béjaïa, ont perdu un œil et souffrent d'autres blessures (fractures du crâne, du plancher orbital, des mâchoires, etc.) A ce jour, une douzaine de victimes (neuf éborgnés, un blessé à la mâchoire et un décès) ont été recensées. «Il y a eu le cas du jeune asthmatique Ouamara Karim, décédé après un jet de gaz lacrymogène aux Issers. Il y a tous les éborgnés, chacun selon la gravité et la nature de sa blessure. Mais il y a eu aussi d'autres victimes à Oran et d'autres cas encore qu'on est en train d'étudier», précise Meziane. La situation des éborgnés est d'autant plus compliquée qu'ils ont une situation sociale «très fragile». «Ce sont tous des cas sociaux. Djemai Amazigh, 22 ans, subvenait aux besoins de sa famille. Dahmouni Lounis, 22 ans, souffre gravement. Dib Rabah, 31 ans, a eu un choc terrible. Omar Ouchen, hospitalisé en France, n'a pas vu sa fille», s'offusque Meziane, qui affirme que sa mère, malade chronique, a été hospitalisée après son accident et «a attrapé d'autres maladies lors de son séjour à l'hôpital». Le 23 décembre 2020, un Comité national des victimes du hirak (CNV) a été créé à Alger. Regroupant les victimes et des accompagnateurs (avocats, médecins, journalistes, etc.), le collectif s'est donné pour objectif premier l'élaboration et la mise à jour d'une liste nationale de victimes. Il a également pour mission d'assurer une prise en charge médicale des victimes, la distribution des aides financières à eux et leurs familles, selon leur degré de nécessité, et de veiller à ce que ces aides soient dépensées à bon escient, précise un document du CNV, dont El Watan détient une copie. Des collectes d'argent sont engagées périodiquement par les Algériens, à l'intérieur du pays et à l'étranger. Certaines victimes ont ainsi pu être prises en charge. «Il y a le cas de deux blessés, un en France, qui a pu terminer ses soins, et un autre en Espagne, hospitalisé à ce jour. Des blessés ont subi des opérations, alors que cinq autres n'ont pas commencé leurs soins à ce jour. Les devis des hôpitaux, chacun selon la gravité, sont de 5000 à 8000 euros», précise Meziane, coordinateur du CNV. Advertisements