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Hocine Benissad. Economiste et ancien ministre de l'Economie
« La politique de change a connu des avancées prudentes »
Publié dans El Watan le 11 - 04 - 2005

Quelle est votre appréciation sur la réforme de change menée ces dernières années en Algérie dans le sillage de la politique d'ajustement structurel ?
Il faut d'abord savoir que l'Algérie, en tant que pays membre du Fonds monétaire international (FMI) depuis 1963, a pris l'engagement, comme tous les autres pays membres, pour une libre convertibilité de sa monnaie au titre des opérations courantes à l'exclusion des sorties des capitaux vers l'étranger. Parallèlement, les statuts du FMI autorisent, dans certaines circonstances, le recours à des dérogations pour la mise en œuvre de restrictions au change pour une période donnée. C'est ce que l'Algérie a fait au départ. Mais dès qu'elle avait commencé à s'adresser au FMI pour la soutenir afin de surmonter sa crise de paiement extérieur, cette institution lui a rappelé ses engagements sur la convertibilité de sa monnaie. Ainsi, en avril 1991, il y a eu une instruction de la Banque d'Algérie (BA) établissant la convertibilité commerciale du dinar. Ce fut une mesure un peu symbolique car, à l'époque, les réserves de change étaient trop insuffisantes pour permettre la mise en œuvre de cette démarche. Dans les faits, la BA continuait donc à contrôler la distribution des devises car celles-ci étaient rares. En avril 1994, il y a eu une nouvelle instruction de la BA sur la convertibilité commerciale de la monnaie nationale. Et celle-là était effective car, après les rééchelonnements de la dette, il y avait de meilleures possibilités financières pour sa concrétisation. Par la suite, entre 1994 et 1998, soit la période où il y avait les accords avec le FMI, la BA, poussée par cette institution et par l'amélioration de la situation financière du pays, a fait une avancée dans le domaine de la convertibilité du dinar à travers une convertibilité intégrale sur le commerce des marchandises et une amélioration pour le cas des services. On peut donc dire qu'en matière de politique de change il y a eu des avancées prudentes, mais des avancées certaines pour ce qui est des opérations courantes.
La situation d'aisance financière que connaît actuellement l'Algérie est-elle, selon vous, propice à l'amélioration du degré de convertibilité de la monnaie nationale ?
L'aisance financière actuelle peut permettre l'amélioration de la convertibilité pour ce qui est du domaine des services. Cela étant, il ne faut pas exagérer les facilités dont dispose l'Algérie en matière de réserves de change. Elles ne sont pas énormes. Elles sont au moins de plus de trois fois moins importantes que celles d'un pays comme la Corée du Sud par exemple. Il ne faut pas oublier également que les réserves de change sont les résultats d'une monoexportation (les hydrocarbures, ndlr). Par cette fragilité, la prudence reste nécessaire. Il faut mentionner que la convertibilité commerciale est intégrale depuis 10 ans. Cela veut dire que, en matière des échanges commerciaux, tout importateur peut accéder à des devises pour ses opérations courantes. Concernant le domaine des services, il y a encore certaines restrictions en matière d'accès aux devises.
Comment peut-on jauger le rôle et l'efficience du marché interbancaire de change ?
Pour ma part, la question que je me pose à ce propos est de savoir si ce marché existe vraiment. Cette question se pose dès lors qu'on sait que le taux de change du dinar est flexible tout en restant dirigé. Il n'est en effet pas le résultat d'une confrontation d'une offre et d'une demande de devises. Le taux du change du dinar est déterminé à partir d'un panier de devises. Et dans les circonstances actuelles, il vaut mieux garder ce contrôle sur le taux de change, car si ce dernier n'est pas fixé, les prix des produits risquent d'être fortement augmentés et cela risque de provoquer de sérieuses retombées sociales.
Les bureaux de change tardent toujours à voir le jour en dépit des agréments octroyés à cet effet par la BA. Quelles peuvent en être les raisons ?
Si les bureaux de change officiels existent, il y aura deux grands problèmes à régler. D'une part, il y aura un problème d'approvisionnement de ces bureaux en devises et, d'autre part, celui du taux de change utilisé par ces bureaux. Il faut savoir que si ces bureaux sont effectivement créés, cela vaudra dire que tout le monde peut acheter et vendre des devises, alors que l'on est dans un système de convertibilité limitée du dinar. Or, nos accords avec le FMI ne nous permettent pas d'avoir un double marché officiel des changes, c'est-à-dire des bureaux de change officiels où le taux de change sera logiquement différent du taux dirigé qui est celui du marché bancaire de change. Ce faisant, l'absence de bureaux de change est pour moi un faux problème et je me demande même si le FMI n'est pas derrière le principe de leur création. Il faut dire qu'il arrive parfois que cette institution pousse les pays à des décisions tout à fait irréalistes. On peut citer à cet égard le cas de Madagascar dans les années 1980.
Pourquoi les pouvoirs publics continuent-ils à tolérer l'existence des marchés informels des devises ?
Quand il y a un contrôle des changes, avec ou sans pénurie de devises, l'existence des marchés parallèles de change est inéluctable. Ces marchés sont tolérés par les pouvoirs publics car, dès lors que le marché officiel de change n'offre pas la possibilité de satisfaire les besoins des résidents en devises, on ne peut faire autrement que d'accepter l'existence d'un marché parallèle qui répond à ces mêmes besoins. Aussi, même dans les pays où on les a réprimés, comme l'ex-Union soviétique, les marchés informels des devises ont continué à prospérer. En Algérie, depuis 1986, on a commencé à officialiser d'une certaine manière le marché parallèle des devises, en laissant notamment la possibilité, pour toute personne, d'ouvrir des comptes devises auprès des banques et d'y effectuer des opérations sans avoir à justifier quoi que ce soit. En somme, il faut dire que tant qu'il y aura un contrôle des changes, il y aura un marché parallèle des devises. Je ne pense cependant pas que cela soit souhaitable d'éliminer le contrôle de change. Il faut rappeler que la libre convertibilité des monnaies figure parmi les facteurs qui ont provoqué la crise asiatique.
Quelle conséquence induit la flambée de l'euro sur l'économie nationale ?
La flambée de l'euro par rapport au dollar se traduit surtout par la hausse des prix sur le marché algérien, car la dépréciation du dinar par rapport à l'euro provoque la cherté des produits importés. Il se produit ainsi un phénomène d'inflation importée par le taux de change et, face à une telle situation, l'on ne doit pas rester passif. Pour gérer cette crise, la BA peut jouer sur les autres devises. Le taux de change du dinar est déterminé depuis le premier choc pétrolier de 1973 à 1974 par rapport à un panier de monnaies. Cette technique permet ainsi d'amortir les chocs des fluctuations de change à travers les parités des différentes monnaies composant le panier. Ces monnaies sont d'ailleurs choisies à la fois en fonction de leur degré d'utilisation dans nos échanges extérieurs, mais aussi du fait que certaines d'entre elles ont plutôt tendance à évoluer à la hausse, alors que les autres évoluent plus à la baisse. Cela permet un meilleur contrôle sur l'équilibre du taux de change du dinar.
Le retour des poussées inflationnistes est-il à craindre en cette conjoncture d'aisance financière ?
Les poussées inflationnistes ne peuvent pas en tout cas venir des salaires, car l'évolution de ces derniers est contrôlée. Elles peuvent donc venir de la dépréciation du taux de change, donc de l'inflation importée, mais également des augmentations des prix des produits de base comme l'eau, le gaz et l'électricité. De même que l'investissement non productif, comme les infrastructures, peut engendrer l'inflation. S'il existe aujourd'hui un vrai facteur de contrôle qui permet de mieux maîtriser l'inflation, c'est bien l'ouverture du marché sur le reste du monde, car la concurrence aide à stabiliser les prix.
Quelle est votre analyse sur la situation actuelle de la place bancaire algérienne ?
Ce qu'il y a de plus important à mon sens est qu'il y a eu une véritable ouverture du marché bancaire algérien à la concurrence. Pour le secteur bancaire public qui reste très dominant, d'importants efforts de redressement et de recapitalisation ont été consentis ces dernières années. De plus, la concurrence a beaucoup servi les banques publiques en les incitant à être plus compétitives, en étant surtout plus prudentes dans leurs engagements. Il reste aujourd'hui à automatiser les opérations bancaires. Et ce qu'il faut dire enfin, c'est qu'une réforme du secteur bancaire est avant tout une réforme des hommes et non des textes. Les banques, ce n'est pas seulement de l'argent, mais des hommes surtout.
Quelle est votre appréciation quant à la façon dont sont menés actuellement les principaux chantiers de la réforme économique en Algérie, notamment le programme portant privatisation des 1200 entreprises publiques ?
Les privatisations ne sont pas un thème fondamental pour moi. Dans certains pays d'Europe de l'Est, l'expérience a démontré que malgré les privatisations, le système de gouvernance des entreprises n'avait pas changé. Aussi, la vraie réforme n'est pas tant de privatiser les entreprises, mais d'assurer l'ouverture du marché à la concurrence pour instaurer des usages de bonne gouvernance. La Banque mondiale considère généralement qu'il y a une supériorité intrinsèque du secteur privé sur le secteur public, d'où ses recommandations sur l'accélération des privatisations. Or, rien ne confirme ce postulat de supériorité. D'ailleurs, dans de nombreux pays, tels que la Corée du Sud et l'Inde, il y a de grandes entreprises publiques qui sont tout à fait performantes sur le marché international. Ce faisant, la réforme économique en Algérie doit surtout passer par la restructuration du système productif, en favorisant les activités compétitives. L'Etat a tout à fait la possibilité d'intervenir et de jouer un rôle déterminant dans la vie économique.
Les plans de soutien à la relance économique sont-ils, selon vous, à même de permettre l'instauration d'une croissance économique réelle et durable ?
Le plan de soutien à la relance, lancé en 2001, est basé sur une fausse analyse issue de la théorie keynésienne qui s'appuie sur la relance du pouvoir d'achat et de la demande à condition qu'il y ait un appareil productif performant. Or dans le cas de l'Algérie, on a lancé de grands chantiers pour créer un pouvoir d'achat et de la demande, alors qu'il n'y a rien en face, car il n'y a pas d'appareil productif performant. Donc, on a servi davantage l'importation. Même s'il est important d'investir dans l'infrastructure, il faut d'abord aider, en premier lieu, le secteur productif si on veut que le plan de soutien à la croissance économique ait des effets durables.
A quoi est due, à votre avis, l'attitude de réticence dont continuent de faire montre les investisseurs étrangers à l'égard du marché algérien ?
Pour investir dans tel ou tel pays, les investisseurs étrangers exigent, en général, qu'il y ait une croissance économique stable. De ce point de vue, il faut noter que ce n'est que tout récemment que l'Algérie a commencé à renouer avec la croissance économique. Par ailleurs, les investisseurs préfèrent les pays où il y a absence de risques politiques et financiers. Sur ce plan, l'Algérie, bien qu'elle reste un pays endetté, ne présente plus de risque financier grâce notamment au niveau actuel de ses réserves de change. S'agissant en revanche de l'absence de risque politique, il faut savoir que pour les investisseurs étrangers cette notion signifie que tout fonctionne bien, y compris l'administration. Sur ce registre, de nombreuses réformes restent encore à accomplir pour parvenir à instaurer un environnement favorable à l'attraction de l'investissement direct étranger (IDE). Il y a lieu de dire dans ce contexte que la réforme de la justice est entre autres nécessaire.


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