Les véhicules utilitaires de marque Mercedes, destinés au transport scolaire, sont détournés de leur mission initiale dans la wilaya de Mascara. Chaque matin et chaque après midi, des autocars de couleur jaune, portant l'inscription en arabe et en français «El-Naql El-Madrassi -Transport scolaire» sont stationnés, durant les jours scolaires, l'un derrière l'autre, à proximité du siège de la wilaya. Certains bus transportant deux à trois personnes sont aperçus en train de circuler, au vu et au su de tout le monde, à travers les rues de la ville de Mascara ! «Le bus sert aussi pour le transport des employés et les élus de la commune vers le siège de la wilaya et autres administrations faute de moyens de transport», nous a répondu un chauffeur d'un bus, avec des bosselures du côté gauche, stationné, vers 11h00, devant la cafétéria face au siège de la wilaya. Et d'ajouter : «Ce bus, dont a bénéficié notre commune depuis seulement deux mois, assure également le transport des écoliers vers leurs établissements scolaires !» Il faut savoir qu'une directive ministérielle interdit formellement l'utilisation des bus destinés au transport scolaire à d'autres vocations. Il est aussi à rappeler que dans la wilaya de Mascara, des centaines d'écoliers du palier du primaire, portant chacun un lourd sac à dos, habitant des zones éloignées et enclavées, continuent encore à parcourir, à pied, par beau ou mauvais temps, des trajets parsemés de dangers, pour rejoindre les bancs de leurs lointaines écoles. C'est le même calvaire qu'endurent de nombreux élèves des cycles moyen et secondaire. Pour le retour à leurs domiciles, les écoliers de nombreuses localités doivent compter sur eux-mêmes, parfois sous la pluie et dans le froid, en s'exposant aux différents risques de la circulation routière. Un petit tour sur les routes des zones rurales suffit pour vérifier cette réalité. Sur les pages Facebook, les internautes ne cessent de dénoncer les conditions qualifiées de «pénibles» auxquelles les enfants scolarisés sont confrontés quotidiennement lors de leurs déplacements entre la maison et l'école. «Les enfants sont contraints de quitter leur domicile vers 06h00 du matin, en plein nuit et quel que soit le climat, pour ne pas rater le bus scolaire qui les transporte vers leurs établissements scolaires situés à dix kilomètres environs», nous murmura une enseignante résidant un douar relavant de la commune de Ain Fares, à 13 km de Mascara. Une internaute du douar Guerrara, relevant de la commune de Bouhanifia, à 20 km de Mascara, a écrit sur sa page Facebook : «Chaque matin, les écoliers de la localité de Guerrara grelottent de froid dans le bus destiné au ramassage scolaire à cause des vitres cassées. Pourquoi ne les réparent-ils pas ou les obstruent par du carton ?» Selon les chiffres officiels, 51 904 écoliers à travers les différentes communes de la wilaya de Mascara bénéficient du transport scolaire assuré par une flotte de 396 bus dont 39 de marque Mercedes attribués aux communes qui accusent un déficit en la matière. «Dix autres bus destinés au ramassage scolaire devront être attribués, dans les jours à venir, à d'autres communes, au profit des écoliers résidants les zones d'ombres», nous a dit, avant-hier, le chargé de communication de la wilaya, Amine Medbeur, et d'ajouter : «Le wali a donné des instructions aux présidents des communes de recourir aux transporteurs privés pour combler le déficit en matière de transport scolaire». Entre les chiffres officiels et la réalité sur le terrain, l'écart reste important. Advertisements