-Pourquoi vous intéressez-vous à l'achat de l'entreprise Hyflux actuellement en liquidation judiciaire, n'est-il pas intéressant de se lancer dans le dessalement de l'eau de mer à travers la création de nouvelles unités de dessalement, d'autant plus que le projet ne nécessite pas les financements de l'Etat ? Les unités de dessalement existent et sont en faillite ou en grave déficit. Pourquoi lutter contre les géants bien introduits et déjà avec des grandes parts de marché. Nous voulons démontrer que nous avons une solution algérienne spécialement adaptée aux problèmes algériens. Les autres sociétés attendent de nouveaux projets, faire l'EPC, fournir leurs équipements et s'en iront pour laisser le cadavre aux Algériens. Nous voulons donner une nouvelle vie aux unités existantes. Le dicton algérien dit : ne sois pas jaloux de celui qui achète tous les jours, sois jaloux de celui qui sait maintenir en bon état ce qu'il a déjà. -Qu'apportera de plus Hyflux pour votre projet ? Des problèmes à résoudre en Algérie. Ce qui offrirait un challenge suffisant pour gagner sur le terrain notre réputation. Nous voulons être ici pour résoudre les problèmes du pays. Nous aimerions acquérir le groupe Hyflux afin de fabriquer en Algérie les équipements consommables pour le dessalement avec un taux d'intégration élevé et maîtriser la technologie du futur. Celle de l'eau. La guerre de l'eau est bien présente. On n'a pas de rivières. Comment allons-nous être indépendants sans eau ? Comment faire pour que cette eau soit de moins en moins chère ? On peut tout importer, sauf l'eau. -Comment allez-vous pallier un éventuel risque de pénurie des déchets ? Les usines de valorisation énergétique sont calculées afin d'absorber 70% des déchets produits par jour. En cas de grève, le stock dans une fosse en béton et inhalation d'air suffirait pour 6 jours. En parlant d'inhalation d'air, cela veut dire que nos unités de traitement des déchets utiliseraient le méthane et les gaz des déchets pour l'incinération. L'unité est autonome. Les déchets, ce n'est pas ce qui manque. L'Algérien produit 900 grammes par jour et par personne. La vraie pénurie est et serait celle de l'eau si on ne fait rien. Des négociations ont eu lieu avec l'AEC (Algérien Energy Compagnie) pour l'acquisition des parts de Hyflux en Algérie. Par la suite, des négociations avec Malakoff pour l'achat de ses actions dans la station de dessalement de Souk Tleta. Et enfin, des démarches pour l'acquisition du groupe Hyflux. -Pourquoi vous avez procédé ainsi et qu'attendez-vous de la partie algérienne dans l'achat du groupe Hyflux ? En effet, nous avons entamé des contacts depuis novembre 2018 avec AEC, SVH et Sonatrach. Une réunion par vidéoconférence a eu lieu avec les PDG de AEC et SVH ; la holding Sonatrach mais notre idée d'alimenter à 100% les unités de dessalement en énergie produite par le traitement des déchets n'a pas encore eu de succès. Nous pensons que l'AEC serait le partenaire idéal par leur spécialisation dans la production d'énergies renouvelables. Nous voulons les meilleures relations WIN WIN et ceci ne fera que servir le bien-être des citoyens. AEC peut être une société leader dans trois secteurs importants : environnement, énergies renouvelables et eau potable par le dessalement. Les idées innovantes, même si elles sont pratiques et bonnes, trouvent des difficultés au début. Voyant qu'il serait pratiquement impossible de faire arriver le message aux dirigeants de l'AEC et Sonatrach, nous avons décidé d'acheter les parts de Malakoff dans TDIC Tlemcen, soit 36% de l'unité de Souk Tleta (actuellement à l'arrêt depuis 17 mois). Par ailleurs, nous avons été choisis pour acquérir le groupe Hyflux (Singapore) actuellement en liquidation judiciaire. Cela veut dire que nous voulons acquérir avant fin avril les parts des partenaires étrangers dans les unités de Magtaâ et de Souk Tleta, les remettre à niveau en toute urgence et commencer à construire avec nos partenaires deux grandes usines de traitement de déchets capables de transformer les déchets en énergie. L'Etat pourrait résoudre les problèmes des déchets, du coût de l'énergie pour le dessalement mais aussi les problèmes graves dont souffrent les unités de dessalement actuellement et la pénurie d'eau dont souffrent deux millions de citoyens des wilayas d'Oran et de Tlemcen. Nous sommes une société suisse au cœur algérien. Nous souhaitons que les dirigeants des entreprises concernées ouvrent un vrai dialogue et permettent à l'Algérie de se développer dans ces domaines. Nous voulons démontrer par nos acquisitions des parts de Malakoff à Souk Tleta et de Hyflux Groupe, notamment celles de Souk Tleta et de Magtaâ, que nous voulons traiter d'égal à égal avec AEC et être un partenaire sérieux, fiable et soucieux de résoudre les vrais problèmes du citoyen algérien par des solutions technologiques et industrielles. Nous voulons que les déchets servent de combustible pour produire de l'eau potable pour nos concitoyens.
Par Djedjiga Rahmani [email protected] Advertisements