L'Algérien a tendance à négliger ses pieds parce qu'ils sont tout simplement souvent cachés ! Et c'est à partir de là que commence le danger», avertit Nassima Laouedj, podologue à Blida, l'allure d'une sportive. Heureusement, puisque ce métier est contraignant et exige beaucoup de force ! Ingénieure en biologie diplômée de l'université Saad Dahleb, et après un passage dans une boite pharmaceutique comme déléguée, Nassima décide d'intégrer l'institut national de podologie de France (ce genre d'établissement n'existe pas encore en Algérie). Après un rude concours, elle a pu décrocher une place pédagogique au sein de ce prestigieux établissement, et avec un classement honorable. «Dans le programme, il y avait notamment la dermatologie, la rhumatologie et la traumatologie. Je me suis donnée à fond pour réussir. Mon but était de revenir au bled et contribuer à la prise en charge du pied, car ce der-nier est aussi important que la colonne vertébrale, sauf qu'on en prend pas soin malheureusement», regrette-t-elle. Et de poursuivre : «Vu que le diabète fait des ravages en Algérie et ses répercussions fâcheuses sur les pieds, j'ai décidé de choisir le pied du diabétique comme thème de mémoire.» Une fois le diplôme délivré par la faculté de médecine de la Sorbonne en main, elle rentre au bercail et ouvre un centre de pédicure-podologie à Kouchet El Djir, au centre de Blida. «J'ai galéré pour avoir un agrément, mais bon, c'est pour la bonne cause, d'autant que nous sommes trois podo-logues seulement dans tout le pays, moi à Blida et deux autres à Alger», raconte-t-elle. Avant de franchir le seuil de la porte d'entrée, on peut lire les traitements assurés par le centre en question. Pédicure médicale : cors, durillons, mycose, ongle incarnée, examen clinique, semelles orthopédique sur mesure, et les orthoplasties. Ces dernières (orthoplaties) sont des orthèses d'orteils, soit un appareillage qui compense une fonction absente ou déficitaire, amovibles et sur mesure. Elles sont destinées à traiter les déformations et leurs conséquences et diminuer les déformations réductibles. Dans son cabinet, le patient doit s'assoir sur un fauteuil ressemblant à celui du dentiste, sauf qu'il y a un support pour élever les pieds qui marque la différence. On y trouve aussi un genre de balance qui fait office d'une radio d'examen, où le patient monte dessus pour mieux diagnostiquer son pied. A l'intérieur du centre en question, il y a aussi un petit atelier de semelles. Ces dernières sont parfois prescrites aux patients pour un meilleur soin de son pied. En diagnostiquant le pied d'un diabétique, la podologue lance un cri d'alerte en voyant une couleur qui en dit long sur l'état des orteils. «Il vous faut une prise en charge en urgence car ça risque de s'aggraver. En plus, n'oubliez surtout pas de bien sécher vos pieds après les ablutions et couper vos ongles», insiste-t-elle. Nassima fait non seulement l'auscultation, mais beaucoup de pédagogie et de sensibilisation. Elle informe ses patients, notamment les enfants, que l'être humain possède essentiellement deux types de pieds : le pied grec, où le deuxième orteil est plus long que le gros orteil, alors qu'au niveau du pied égyptien, c'est le gros orteil qui est le plus long, et que tous les autres sont de plus en plus petits (d'une manière décrois-sante). Elle conseille ses patients de bien choisir la chaussure et éviter qu'elle soit serrée. Bref, le plus important pour elle est qu'on doit prendre soin de nos pieds et voir un médecin (ou le podologue) en cas du moindre mal ! Advertisements