Le journaliste et directeur de Radio M et Maghreb Emergent, El Kadi Ihsane, a été placé, aujourd'hui mardi 18 mai, sous contrôle judiciaire, par le juge d'instruction près le tribunal Sidi M'hamed à Alger. Ayant reçu la veille une convocation de la part de la gendarmerie de Bab J'did, celui-ci s'est présenté devant le procureur près ce même tribunal qui l'a renvoyé devant le juge d'instruction. Ihsane est poursuivi, selon son entourage, pour les chefs d'accusation d'«atteinte à l'unité nationale» et «publications pouvant porter atteinte à la sûreté de l'Etat». C'est, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), le ministère de la Communication qui a déposé une plainte à son encontre à la suite de la publication, par ses soins, d'un article sur le site de Radio M, le 23 mars dernier, relatif à Rachad. «Le pouvoir veut juger les journalistes pour leurs écrits. C'est ce qui arrive aujourd'hui avec Ihsane El Kadi directeur de Radio M», a déclaré l'avocate Zoubida Assoul, avant d'ajouter : «Instrumentalisation de la justice par le musellement de la presse.» Le journaliste, qui n'a pu quitter le tribunal que vers 16h30, devra ainsi, dans le cadre de son contrôle judiciaire, se présenter chaque lundi matin à 10h pour émargement, comme cela a été indiqué par Radio M. Par ailleurs, Ihsane a été mis sous ISTN (Interdiction de sortie du territoire national), avec retrait de son passeport, comme il n'a pas le droit de quitter la capitale sans autorisation. Il faut rappeler que le directeur de Radio M et Maghreb Emergent avait été convoqué à deux reprises par la gendarmerie auparavant. La première fois, c'était le 6 octobre 2020. En arrivant à la brigade de Bab J'did, les agents sur place lui ont signifié que finalement sa présence n'était pas nécessaire. La deuxième fois, c'était le 31 mars dernier. C'était suite à la plainte du ministère de la Communication au sujet de l'article de presse cité plus haut. Interrogé par les gendarmes pendant quelques heures, il a été transféré au tribunal de Sidi M'hamed. Finalement, il n'y a pas eu de suite et Ihsane a été relâché sur place. Il est utile de signaler, par ailleurs, que la journaliste Kenza Khettou, exerçant à Radio M, qui devait être jugée en comparution immédiate aujourd'hui aussi a été remise en liberté, le procès ayant été renvoyé au 25 mai. Arrêtée vendredi dernier alors qu'elle couvrait le hirak, elle avait été placée en garde à vue durant 3 jours. Elle est poursuivie pour «atteinte à l'unité nationale», «publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national», «incitation à attroupement non armé» et «outrage à corps constitué», d'après le CNLD. Advertisements