La liste des victimes de féminicide s'allonge. Un autre crime vient s'ajouter à la longue série de meurtres commis contre les femmes : Fatma Bouchaour, une octogénaire, a été assassinée à son domicile, à Bou Ismaïl (Tipasa). «Résidant en France avec ses enfants, elle a choisi de venir début octobre s'installer quelques jours dans sa maison à Bou Ismaïl. Elle est décédée des suites des coups qui lui ont été portés à la tête. Ses enfants, inquiets par son absence depuis 3 jours, ont envoyé une personne à son domicile, où elle l'a retrouvée malheureusement morte», a annoncé, dimanche, le site Féminicides Algérie, reprenant une information publiée par la journaliste Kenza Khattou. Il s'agit de la 55e victime enregistrée depuis le début de l'année 2021, précise le site qui recense les cas de féminicide dans le pays. Ce bilan fait ressortir une augmentation des cas : en 2020, il y a eu 54 féminicides contre un bilan encore plus lourd en 2019 (75), selon le recensement rendu public par Wiame Awres et Narimane Mouaci Bahi, initiatrices de l'opération de veille des crimes de féminicides commis à travers le pays. Les chiffres des violences sont effarants : en 2019, «les services de la Sûreté nationale ont recensé 5620 cas de violence contre les femmes, dont des cas de violence physique, de coups et blessures volontaires entraînant la mort et d'homicides volontaires, outre l'agression, le harcèlement sexuel et la maltraitance», a précisé la commissaire de police, Wahiba Hemaili (novembre 2019). L'assassinat de Chaima Sadou en octobre 2020 a provoqué l'émoi dans la société : la jeune fille âgée de 19 ans a été violée puis brûlée vive par un homme. Son corps sans vie a été retrouvé dans une station-service abandonnée de Thenia, à l'est d'Alger. Plusieurs personnalités ont réagi à ce crime abject dont a été victime une jeune fille sans défense. «Abattons le mur du silence qui induit une lâche complicité. La préservation du droit à la vie et à l'intégrité physique et morale de l'être humain est une priorité qui ne peut faire l'objet d'un quelconque compromis», a déclaré Me Fetta Sadat sur sa page Facebook. Des actrices ont lancé une campagne pour appeler «à la prise de conscience et à la mobilisation générale pour que cesse cette violence». La situation est restée inchangée : des crimes sont périodiquement recensés sans qu'il y ait réellement une vraie prise en charge institutionnelle du phénomène. «Les féminicides continuent.Cela ne doit pas être banalisé. Cela doit interpeller tout un chacun et surtout les pouvoirs publics», a estimé Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH). Advertisements