Le timing de la visite officielle en Algérie que vient d'effectuer du 27 au 29 décembre courant le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, revêt indéniablement une importance capitale au plan géopolitique régional. Intervenant dans le contexte de crise politique, diplomatique et sécuritaire créée à la suite des positions belliqueuses clairement affichées par le régime marocain à l'encontre de l'Algérie, à travers son alliance, sur fond de vil marchandage politique, avec l'entité israélienne, cette visite du chef de l'Etat mauritanien dans notre pays précise un peu plus les contours du nouvel axe stratégique en gestation dans la région face aux visées déstabilisatrices et expansionnistes du Maroc. Depuis l'invasion du Sahara occidental en 1975, le makhzen a toujours cherché à impliquer Nouakchott, directement ou par des manœuvres dilatoires dont il a le secret, pour en faire un allié sur lequel il peut compter dans son entreprise visant à entraver les efforts de la communauté internationale pour une solution juste et durable de ce conflit. On a vu, lors de l'attaque du poste frontalier de Guerguerat ou encore à la suite de l'attaque au drone en territoire sahraoui des camionneurs algériens, comment la machine de propagande du makhzen s'était mise en branle pour tenter de saborder les relations cordiales liant l'Algérie et la Mauritanie en faisant passer, dans une tentative désespérée de désinformation, une expédition de marchandises pour un convoi militaire. La sagesse et le souci des dirigeants mauritaniens de promouvoir des relations rénovées avec l'Algérie – des relations dont les premiers fruits commencent déjà à apparaître sur le terrain avec la dynamique des échanges économiques et commerciaux enclenchée depuis ces derniers mois – ont eu raison de tous les calculs et manœuvres de Rabat dans sa volonté d'attirer la Mauritanie dans son giron dans le cadre de sa politique aventurière dans la région. Connaissant la sensibilité historique de l'Algérie sur la question palestinienne, les relais propagandistes du makhzen ont cru pouvoir ainsi trouver, dans les velléités de normalisation avec Israël prêtées au pouvoir mauritanien, le terreau propice pour créer un climat d'inimitié et d'hostilité entre l'Algérie et la Mauritanie. Une fois de plus, c'est raté ! Le piège de Rabat n'a pas fonctionné. La visite du chef de l'Etat mauritanien en Algérie, dans cette conjoncture politique régionale précise, est la meilleure preuve que le camp de la construction d'un Maghreb de la paix, de la sécurité, de la fraternité et de la prospérité partagée est plus fort que celui de la désunion et des complots incarné par le royaume du Maroc. Le raffermissement des relations algéro-tunisiennes, les signes d'optimisme pour une solution politique interne à la crise libyenne pour faire taire définitivement les armes dans ce pays meurtri par une guerre civile dévastatrice fomentée de l'extérieur, la convergence de vues relevée par les chefs d'Etat algérien et mauritanien sur les questions d'intérêt commun aux plans bilatéral, régional et international, à l'occasion de la visite du président mauritanien dans notre pays, confortent cette option stratégique forgée par l'histoire commune des peuples de la région. Il reste à traduire dans les faits cette volonté politique exprimée au plus haut niveau, en jetant les bases solides d'un Maghreb des peuples débarrassé de tous ses démons. Lequel passe par des politiques d'émancipation à la fois interne à chaque Etat, et d'intégration intra-maghrébine audacieuse et sincère. Advertisements