Annaba est en passe de se transformer en mouroir de toutes les initiatives prises pour relancer une machine sociale, économique et culturelle très grippée. L'inventaire établi par les citoyens est véritablement alarmant. Il comporte de nombreuses constatations dont la lenteur chronique du redémarrage de l'économie locale, la détresse des agriculteurs face à la bureaucratie et le refus catégorique des banques de financer quelque 200 projets de création d'entreprises, déclarés éligibles par la Caisse nationale du chômage. A cette liste s'ajoutent les tracasseries auxquelles sont confrontés les jeunes animateurs des bureaux chargés des études agricoles, la longue attente des habitants des bidonvilles de Sidi Harb II et III et des 49 familles sinistrées de la salle de sport Safsaf pour leur recasement. Aussi, il y a le racket, gourdin bien en vue, des repris de justice et des délinquants sur tout automobiliste à la recherche d'un lieu de stationnement. Pour compléter le tout, les enseignants du secondaire ont décidé depuis samedi de déclencher une grève générale. Ils affirment exprimer ainsi leur solidarité avec leurs collègues suspendus ou blâmés. Dans ce charivari, les commerçants ne sont pas en reste. Soumis à des contrôles quotidiens et rigoureux, ils ont exprimé en termes à peine voilés leur opposition à cette démarche qu'ils estiment être excessive. Entre temps, outre cette affaire de sel non iodé à l'origine de l'augmentation des cas de cancer de la thyroïde, de stérilité, de fausses couches, de crétinisme et d'attardés mentaux, il y a aussi cette intoxication au petit lait. De Berrahal à Annaba en passant par El Hadjar, Aïn Berda et El Bouni, plusieurs consommateurs de ce dérivé du lait, conditionné en sachet d'un litre, ont été contraints de recourir aux services des urgences médicales. Cet inventaire avait été repris quelque peu par l'Union des associations des comités de quartiers de Annaba (UACQA) lors de sa réunion du 31 mars 2004. Invités, les véritables décideurs élus et commis de l'Etat n'y avaient pas assisté. Depuis, la situation s'est dégradée. Différentes routes de la commune de Annaba sont caractérisées par des cratères, des crevasses, des ornières et des eaux stagnantes. Cette situation n'a pas échappé aux membres de l'UACQA. Ils viennent de relancer, une nouvelle fois, les autorités locales en programmant pour ce jeudi 28 avril une réunion à la salle Echabab (ex-Pax). A travers cette initiative, ils affirment vouloir mettre face à face administrés et administrateurs de la commune. Dans son communiqué, l'UACQA a précisé avoir eu confirmation de la participation des responsables élus et commis de l'Etat dont le président de l'Assemblée populaire de wilaya et le président de l'APC de Annaba. Ils ont également précisé qu'il appartiendra aux citoyens présents de soumettre directement leurs problèmes d'intérêt général à ces responsables. Dans les autres communes, la situation est tout aussi alarmante en matière de prise en charge du quotidien des citoyens. Les populations d'El Hadjar, de Sidi Amar, de Chetaïbi, d'El Bouni, de Seraïdi, de Sidi Salem, de Berrahal, de Aïn Berda et beaucoup d'autres localités comme Oued Zied et Oued El Aneb ne sont pas épargnées par le laisser-aller et le laxisme des autorités locales. « Durant la rencontre organisée le 31 mars par l'UACQA à la salle Saouli Abdelkader, les animateurs ont déblatéré pendant plusieurs heures. Le président de l'APC a parlé en politicien et non en élu en charge du quotidien des citoyens. Certains responsables de l'Etat n'ont aucun contact avec la réalité du terrain », a indiqué Slimane Benmostefa comme pour dire qu'il n'attend pas beaucoup de choses de pareille rencontre.