Les ministres européens de l'Energie se réuniront, demain à Paris, afin d'arrêter une « réponse européenne à la crise du pétrole ». L'annonce de ce rendez-vous, qui s'apparente à une urgence absolue de casser les prix, a été faite jeudi par le ministère français de l'Economie. « La situation actuelle du marché pétrolier pourrait compromettre la reprise de l'économie mondiale », avance-t-on à Paris où devra se dérouler également une réunion de l'Agence internationale de l'énergie. En effet, la perspective « d'un pétrole durablement cher » fait craindre aux économies européennes de lourdes incidences sur les prix du carburant. Quelles sont les mesures à prendre afin de freiner un « marché en folie » ? Si rien n'a filtré quant à la démarche que comptent entreprendre les « 25 », il n'en demeure pas moins qu'en marge de cette réunion « informelle », des propositions seront clairement émises dans un autre cadre qu'est l'OCDE. Organisation regroupant les 30 pays les plus riches de la planète, l'OCDE débattra aussi des questions énergétiques. « Sécurité, stabilité, développement : les moteurs de l'avenir », est le point essentiel de l'ordre du jour du forum de l'OCDE. Une baisse des cours du pétrole reste du domaine du possible à condition d'investir davantage dans les capacités de raffinage, selon la vision de l'OCDE. Celle-ci considère que le gel des investissements dans cette branche des industries pétrochimiques est considéré comme l'un des principaux facteurs structurels qui ont déséquilibré le marché pétrolier. Les appréhensions des Européens sont d'autant plus justifiées que certains experts français parlent de l'imminence d'un baril à 60 dollars. Le baril de brent de la mer du Nord était coté, hier, à 52,57 dollars. Si les compagnies américaines se frottent les mains du fait des gros bénéfices générés dans l'extraction (et la vente) du pétrole, la Maison-Blanche étale, de son côté, ses inquiétudes face à « la crise ». « Des millions de familles américaines et de petites entreprises souffrent à cause de la hausse des prix de l'essence. Mon gouvernement fait tout ce qu'il faut pour rendre les prix de l'essence plus abordables », a promis, jeudi dernier, George Bush lors d'une conférence de presse. Parlant de « priorité vitale pour le peuple américain », le président a promis qu'il allait « encourager les pays producteurs de pétrole à augmenter leur production ». L'Arabie Saoudite étant le premier producteur de l'OPEP (8,5 millions de barils/jour), les « sollicitations » de la Maison-Blanche s'adresseront tout naturellement à ce pays du Proche-Orient, au demeurant allié des Américains. Le royaume devrait, annonce-t-on, consacrer 50 milliards de dollars à l'augmentation de sa production. Du coup, prévoient les spécialistes, le prix du brut connaîtra une baisse drastique. Autre facteur important dans la stabilisation des cours : l'Irak. En butte à une situation interne inextricable, l'Irak, qui ne produit pour l'instant que 1,5 million de barils par jour, pourra voir sa production, « une fois la paix revenue », à plus de 5 millions de barils. L'optimisme affiché par le président américain a-t-il sa raison d'être ? Assurément oui. Restent les pays producteurs constituant l'OPEP, y compris l'Algérie, dont le Trésor n'a jamais connu une embellie financière aussi importante. Un baril qui chuterait à 25, 20, voire 15 dollars l'unité pourrait rendre plus ardue l'opération de modernisation de l'économie nationale initiée par le gouvernement ces trois dernières années.