Le Premier ministre irakien Iyad Allaoui a affiché hier sa détermination à rétablir l'ordre et la sécurité dans le pays en annonçant la création d'un service de sécurité « chargé de la lutte antiterroriste ». L'annonce de la création de cette unité d'élite spécialisée dans le renseignement et l'intervention par le chef de l'Exécutif irakien ont coïncidé avec une violente explosion à Baghdad au passage d'un convoi des forces américaines. Les attentats à la voiture piégée contre des cibles de la coalition et des institutions gouvernementales sont devenus le lot quotidien des Irakiens. Jeudi dernier, le sabotage de l'oléoduc reliant la région pétrolière de Kirkouk au port turc de Ceyhan a provoqué l'interruption des exportations de brut. La pression exercée par la guérilla sur les autorités irakiennes en entretenant le climat de violence pour empêcher toute normalisation du pays dans la voie tracée par les Américains ainsi que sur les forces de la coalition met à rude épreuve autant le gouvernement irakien transformé en gouvernement de guerre que les Américains qui voient leurs alliés dans la coalition leur fausser compagnie les uns après les autres. La dernière défection est venue des Philippines qui ont pris hier la décision de rapatrier la cinquantaine de leurs soldats dépêchés en Irak dans le cadre d'une mission humanitaire, selon Manille. Cette décision a été prise par le gouvernement philippin suite à la menace des ravisseurs de l'otage philippin d'exécuter ce dernier si les autorités de Manille ne retirent pas leurs troupes avant la fin du mois en cours. Cette initiative ne manquera pas d'affaiblir encore davantage la cohésion de la coalition qui tient, comme on l'a vu, à un fil avec d'abord le retrait des troupes espagnoles suite au changement de gouvernement en Espagne suivi de cette nouvelle désertion du terrain des troupes phillipines. Trois autres pays la République dominicaine, le Honduras et le Nicaragua avaient déjà retiré leurs troupes d'Irak. La Maison-Blanche a mal accueilli le geste de Manille qualifié de « mauvais message aux terroristes ». Après ce nouveau couac, le secrétaire d'Etat américain Colin Powel s'est empressé d'appeler les forces de la coalition à rester « déterminées face aux enlèvements et aux meurtres de ressortissants de certains pays membres ». Les autorités bulgares sont elles aussi suspendues aux nouvelles de leurs deux ressortissants qui se trouvent entre les mains de l'« armée islamique d'Irak » depuis plusieurs jours. Le débat de la présence militaire en Irak est également un sujet d'actualité aux Etats-Unis où le camp des partisans du retrait des forces américaines prend de plus en plus d'ampleur. Cette question sera sans nul doute au centre de la campagne électorale pour l'élection présidentielle de novembre prochain. Le candidat démocrate John Kerry a déclaré hier que s'il était élu, il ne prendrait aucune décision de rapatriement des forces américaines si l'Irak n'a pas recouvré la paix et la stabilité. Sur ce sujet, il est sur la même longueur d'onde que son rival à l'élection présidentielle, le président Bush.