L'automobiliste ne peut manquer d'être impressionné à la vue de la carrière de sable de mer de Terga lorsqu'il l'aborde par la route côtière ; une route qui longe les falaises en bordure du plateau de Ouled Boudjemaa. De là, il découvre, effaré, ce qui fut une dune de 55 hectares dominant le site balnéaire de Terga. Sa masse verdoyante toute en douces ondulations a laissé place à la désolation la plus crue, un squelette d'une masse grêlée, équarrie du moindre grain de sable, à la façon du couteau de boucher ayant décortiqué une carcasse de sa moindre chair. Le reste d'agrégat aux formes tourmentées indique une sablière en fin de parcours. En effet, selon le plus optimiste des avis autorisés, elle en a pour deux années de vie encore. Elle aura alors vécu 67 ans. L'arrêté municipal l'ayant érigée en carrière datant du 2 janvier 1940, fixait à deux francs anciens le m3. Ce sera également le trépas d'une poule aux œufs d'or, soit 50% des ressources du budget de wilaya et l'essentiel de celui de la commune de Terga. Pis, le programme de 11 000 logements accordés à Aïn Témouchent dans le cadre du quinquennal, risque d'être gêné dans sa réalisation. Et lorsqu'on sait qu'Oran, Tlemcen, Sidi Bel Abbès et bien d'autres wilayas en dépendent dans une moindre mesure pour leur approvisionnement, c'est tout le quinquennal pour la région qui est menacé. La poule aux œufs d'or Pour rappel, en novembre 1996, à la création de l'EPCT, l'entreprise qui prit le relais de la commune, l'extraction annuelle commença à 105 620 m3 pour tourner autour de 500 000 m3 entre 1997 et 2001, soit le volume d'extraction autorisé par la wilaya. Mais il passera à 784 946 m3 en 2002 puis à 839 732 m3 en 2003. Ce sont 327 camions/jour qui y défilent sans toujours contenter tout le monde puisque, parfois, même la chefferie du gouvernement s'émouvait des plaintes qui lui étaient adressées par des entrepreneurs d'autres wilayas, ce qui entraînait une surexploitation effrénée. Cependant, cette mort programmée de la carrière de sable sera précédée, à très court terme, par celle de la carrière géante d'agrégat de la commune voisine, Chabat El Laham. Néanmoins, pour 800 millions de DA, une nouvelle doit la remplacer à partir du quatrième semestre 2006 et produire 1 million de tonnes d'agrégat à raison de 5 600 t/j, entraînant l'agitation d'une noria de 224 camions de 20 et 35t chacun. Selon ce qui a été expliqué au secrétaire général de wilaya, le système d'abattage procèdera par pulvérisation d'eau, ce qui empêchera la production de poussière. De même, il a été indiqué qu'avec les nouveaux équipements, il est possible de produire un sable de substitution au sable de mer.