Le marché de la Bastille (Rue des Aurès) a ses fidèles. Entre tradition et proximité, le commerce non sédentaire assure ici un rôle essentiel d'animation, de convivialité et également de variété de l'offre commerciale. Rencontre avec ceux qui font battre le cœur des ménagères oranaises chaque matin. En déambulant dans les allées - pas souvent propres - du marché de la Bastille, on peut entendre : « Allez, mesdames, messieurs, profitez-en, c'est pas cher ! » Cette phrase de Kader, semble être aussi une réalité. C'est en période coloniale que ce marché s'est invité au centre-ville et offre une complicité indéniable avec les marchands. Depuis, à la Bastille, on parle « du devoir de ne jamais faillir à la tradition. » On vient y chercher un accueil mais aussi la fraîcheur des produits en appréciant leur diversité et le niveau des prix », apprécie une « fidèle », la cinquantaine, qui vient chaque matin des Planteurs, jusqu'ici, pour faire ses courses. Ce lieu fait donc partie des incontournables. Entre les fast-foods populaires qui proposent de la calantica, on y trouve en moyenne une cinquantaine de commerçants non sédentaires. Tout commence vers 7h30, à l'heure où Oran s'éveille -une heure relativement tardive- les habituels marchands de fruits et légumes et poissonniers s'installent. Puis, vers 8h, les commerçants occasionnels prennent le peu de places disponibles. Les habitants, comme les visiteurs, sont d'abord attirés par la proximité, ce lieu étant situé entre les deux grands boulevards de centre-ville. Si on y trouve toute une variété de poissons, fruits et légumes, produits laitiers et fromages, spécialités locales, depuis quelques temps cependant, ce marché n'échappe pas à une certaine suspicion qui colle à la qualité des produits exposés, comme ses semblables à travers le pays : des yaourts et autres produits laitiers qui ne doivent jamais sortir des 6 degrés, exposés au soleil, des produits avariés dépassant de loin la date de péremption, du poisson congelé vendu comme étant du frais... Bref, le client le plus averti peut facilement « être roulé dans la farine. » Aujourd'hui, pas mal de produits exposés sont importés d'Europe mais aussi du Maroc. On y trouve ainsi des raisins à 400 dinars le kilo, des kiwis entre 300 et 400 DA, des pommes entre 130 et 180 DA, des mangues... Bref, tout y est, ou presque. Evidemment, ce marché a la réputation que n'ont pas ses voisins, comme celui de Michelet qui n'attire pas autant de monde. « C'est parce qu'il répond à une attente, renforce et diversifie l'offre des produits traditionnels et ceux importés », explique un marchand de fruits. Et d'ajouter : « Nos avantages à nous, non sédentaires, ce sont la qualité et la fraîcheur de nos produits, l'ambiance qui règne autour de nos étals, la relation de confiance que nous pouvons avoir avec nos clients et une bonne réputation. »