Skikda attendait le représentant personnel du président de la République. Finalement, c'est le secrétaire général du FLN qui est venu. Pour la même cause certes, mais en s'offrant tout de même une tribune pour reprendre ses « amours » avec le FLN qu'il qualifiera de « précurseur en matière de réconciliation et de concorde nationale. Au FLN, nous avons appelé, par le passé, à la réconciliation. Nous croyons toujours en cette issue et nous œuvrons pour sa concrétisation. » Il se rattrapera par la suite en citant l'apport des partis de l'Alliance présidentielle. Le discours tenu devant les représentants de l'Alliance présidentielle du mouvement associatif venus de 46 wilayas du pays a permis à M. Belkhadem de mettre en valeur la politique de la réconciliation en usant d'arguments théologiques, historiques et sociaux. « Nous sommes pour la réconciliation et nous n'avons pas à en avoir honte. C'est le seul moyen pour mettre fin aux blessures de notre pays », dira-t-il. » Il évoquera aussi la nécessité de poursuivre la prise en charge des victimes du terrorisme et des ayants droit ainsi que le repeuplement des zones touchées par l'exode. Au sujet du dossier des disparus, M. Belkhadem dira : « L'Algérie travaille toujours dans le but de répondre aux attentes des parents des disparus et pour que toute la lumière soit faite. » Il évoquera également la crise de Kabylie. « Des efforts très louables ont été menés et se poursuivent encore dans le but de parachever le règlement de la crise. » Il précisera, que la lutte contre le terrorisme aura à se poursuivre contre tous ceux qui refuseront de répondre à l'aspiration du peuple. Il n'évoquera l'amnistie générale qu'une seule fois, vers la fin de son discours, pour demander aux représentants de la société civile de ne pas avoir de « complexes » à ce sujet. Après son allocution, M. Belkhadem s'est rendu au siège de la mouhafadha de Skikda pour rencontrer ses partisans. Dans une courte allocution, il précisera : « C'est suite à ma demande que j'ai quitté le département des affaires étrangères. Je devais me consacrer en priorité aux affaires du FLN qui est appelé à vivre une grande restructuration... Il insistera surtout sur la nécessité de garantir la réussite de la restructuration du parti pour « le construire sur des bases modernes, loin de tout régionalisme ». Cependant, il reste à mentionner que le premier meeting a été quelque peu perturbé par la grogne des représentants du mouvement de l'Alliance et par l'incident né de la présence dans la salle de l'ancienne présidente de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme et ayants droit (ONVTAD), Mme Rabha Tounsi. Le premier incident a été a priori motivé par les contours « offensifs et quelquefois partisans » du discours du ministre d'Etat. Les représentants de pas moins de 46 wilayas, même s'ils refuseront de rattacher leur « mécontentement » au discours de M. Belkhadem, tiendront néanmoins à se démarquer de « toute récupération partisane de leur initiative ». Ils trouveront, dans la lecture du texte final du communiqué une occasion pour « signifier leur refus de toute déviation partisane » en révélant, lors d'une conférence de presse tenue plus tard : « Le communiqué rédigé auparavant devait mentionner clairement que notre initiative de consolider la paix sociale ne devait avoir aucune connotation partisane et que notre mouvement est une ONG apolitique présidée par M. Ould Abbas. Or nous sommes étonnés que soient omis, lors de la lecture du communiqué, les passages se rapportant à notre esprit apolitique. » Omission ou acte délibéré ? Les représentants desquels nous nous sommes rapproché ont tenu dans leur majorité à refuser de polémiquer. « Le discours de M. Belkhadem n'y est pour rien dans notre grogne. Nous tenions juste à placer les choses dans leur contexte. Nous sommes apolitiques et nous entendons le rester. » Le deuxième incident fut provoqué par la présence aux premiers rangs de Mme Rabha Tounsi. Cette dernière a failli être molestée. Huée par les présents, elle refusera cependant de quitter la salle malgré les tentatives des organisateurs. « Je suis venue pour matérialiser la réconciliation à laquelle vous appelez, mais vous me rejetez. » Les organisateurs, tout en se démarquant, ont tenu à affirmer : « Elle est venue pour saboter notre rencontre. Personne ne l'a invitée. D'ailleurs, nous ne pouvions pas inviter une personne qui s'est fait remarquer, il n'y a pas longtemps encore, par ses insultes publiques à l'encontre du président de la République. » Pris entre les menaces des présents de quitter la salle si Mme Tounsi reste et le refus de cette dernière d'obtempérer, quelques organisateurs sont allés jusqu'à user de la manière forte pour lui faire quitter son siège. Elle a même été mise à terre avant d'accepter en dernier lieu de rejoindre la tribune pour échanger quelques mots avec M. Belkhadem et de rester par la suite loin des regards. Vers la fin du discours de M. Belkhadem, elle reviendra à la charge pour annoncer qu'elle tiendra une conférence de presse à l'hôtel Es Salem afin de dénoncer sa « marginalisation » et de s'attaquer à l'actuel président de l'ONVTAD, M. El Far. Lors de sa rencontre avec la presse, elle dira : « Jusqu'à l'aboutissement juridique, je demeure la seule représentante de l'ONVTAD. » Chose qu'infirme Lakhdar El Far, qui précise : « Le 13 mai 2004, le tribunal de Sidi M'hamed, siégeant en référé, nous a donné gain de cause. Nous activons en toute légalité. » Mme Tounsi, lors de la conférence de presse, est allée jusqu'à accuser M. El Far de faux et usage de faux en exhibant tout un dossier. « Voici un document officiel où il est mentionné que M. El Far perçoit une pension d'ayant droit, alors qu'il ne l'est pas. Il n'y ouvre pas droit et touche 8000 DA comme étant un ayant droit d'une pauvre victime du terrorisme dénommée X habitant Baraki, alors qu'il n'a aucun lien de parenté avec elle. »