La création de l'emploi reste le défi majeur du Maghreb pour les vingt années à venir. Le taux de chômage reste très élevé dans chacun des trois pays maghrébins. Un chômage qui touche beaucoup plus les jeunes, les diplômés et les femmes. D'après les dernières données publiées par les offices de statistiques des trois pays en question, un taux moyen de 14% a été enregistré en 2004 au Maghreb. Ce taux et bien inférieure à celui donnée par le rapport de la Banque Mondiale qui l'estime plutôt à 20,4%. L'important écart existant entre les deux taux de chômage, a été relevé par plusieurs participants à la table ronde du Maghreb à Tunis dont les travaux ont été clôturés mardi dernier. Les systèmes de collectes d'informations dans les trois pays maghrébin pêchent par leur manque d'efficacité et de rigueur. Dans son intervention Mohamed Saib Musette, professeur et maître de recherche au CREAD à Alger, estime que les offices de statistiques au Maghreb « n'adopte pas encore les normes de l'Institut international du travail. Les récentes baisses du taux de chômage enregistrées par les pays de la région sont imputées, souligne le professeur, « à l'augmentation du travail dans le secteur informel ». Il demeure néanmoins que l'emploi crée par l'informel reste précaire en ce sens que le travailleur ne bénéficie pas de la sécurité sociale. De son coté, le vise président exécutif de la Société financière internationale (SFI), Assaad Jabre, estime que le chômage au Maghreb « se traduit par un énorme gaspillage de ressources économiques et de talents au bénéfice de l'émigration ». Il aussi, ajoute-il, « une des cause principales de la pauvreté, du désespoir et de l'instabilité ». Le Maghreb doit créer d'après l'économiste en chef de la Banque Mondiale et l'un des rédacteurs des rapports sur la région MENA, Mustapha Kamel Nabli, « 22 millions d'emplois au cours des deux prochaines décennies ». Mais les taux de croissance actuels qui sont pourtant respectables restent, selon lui, « insuffisant ou instable pour atteindre cet objectif ». Les trois pays du Maghreb doivent faire face soulignent les participants à la table ronde à Cinq défis majeurs en matière d'emploi. Ils s'agit notamment : de la transition démographique, du rôle du secteur privé dans la création d'emplois, de l'inadéquation éducation-formation-emploi, de la politique d'emploi peu adaptées et coûteuses et enfin de la production, qualité et diffusion de l'information sur l'offre et demande insuffisantes. Plusieurs recommandations ont sanctionnés les débats au sein du groupe du travail emploi, l'un des quatre groupes formés durant la table ronde du Maghreb. Parmi lesquelles, il y a lieu de citer : rationalisation de l'offre de travail, relever le niveau de formation, développer la mobilité active de la force de travail (formation professionnelle, système d'assurance chômage), organiser et améliorer le système d'information concernant l'emploi,...etc.